La justice espagnole a annoncé mercredi avoir classé une plainte contre le président colombien Gustavo Petro, accusé d'être impliqué dans l'enlèvement d'un présentateur de télévision en 1981, à l'époque où le chef de l'Etat était militant dans une guérilla.
Elu il y a dix jours à la tête de la Colombie, Gustavo Petro a jadis milité au sein du Mouvement du 19 Avril (M-19), une guérilla d'extrême gauche qui a mené la lutte armée contre l'Etat colombien jusqu'à la signature d'un accord de paix en 1990.
Le M-19 avait enlevé en 1981 Fernando Gonzalez Pacheco, journaliste et animateur à la télévision colombienne, avant de le relâcher quelques jours plus tard. Le journaliste est décédé en 2014.
Les magistrats de l'Audience Nationale, haut tribunal madrilène compétent pour trancher ce genre d'affaire complexe, ont estimé qu'ils n'étaient pas compétents en la matière, expliquent-ils dans un document judiciaire consulté par l'AFP.
Ils ont donné ainsi raison au parquet qui avait fait appel il y a quelques semaines de la recevabilité de cette plainte.
Selon la décision datée du 24 juin mais révélée mercredi, le tribunal se dit "surpris" que cette plainte ait été jugée recevable dans la mesure où elle a été déposée par "quelqu'un qui n'est pas la victime des faits, concernant des faits qui se sont déroulés en Colombie et attribués à des personnes qui ne sont pas espagnoles et ne vivent habituellement pas en Espagne".
La plainte n'émanant ni du parquet ni d'une victime, elle ne répond pas aux critères pour mettre en place la justice universelle.
Le tribunal n'est donc pas compétent en la matière, même si la victime, aujourd'hui décédée, est de nationalité espagnole, un argument qui avait permis à un juge d'admettre cette plainte dans un premier temps.
La plainte avait été déposée en mars par François Roger Cavard, un avocat ayant tenté sans succès de faire annuler la candidature de Gustavo Petro, en affirmant qu'il n'avait pas bénéficié de l'amnistie relative aux délits commis par le M-19.
Dans sa plainte devant l'Audience nationale, Cavard accuse Petro de crimes contre l'humanité et d'avoir été "l'un des plus hauts responsables" du M-19.
Le parquet a en outre estimé que la plainte n'apportait pas d'"information suffisante" ni sur la nationalité espagnole de González Pacheco ni sur les "circonstances exactes" des faits survenus en 1981.