Indigènes Yanomami au Brésil: ouverture d'une enquête pour "génocide"

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La police brésilienne a ouvert une enquête pour "génocide" après la publication de données officielles faisant état de la mort en 2022 d'une centaine d'enfants de moins de cinq ans dans le territoire indigène yanomami, a annoncé mardi le ministre de la Justice.

Par ailleurs, le gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva a limogé 43 militaires de la Funai, Fondation nationale des peuples indigènes, qui avaient été nommés sous la précédente administration, de Jair Bolsonaro, et sont soupçonnés de n'avoir pas protégé les droits des peuples autochtones.

"J'ai décidé hier d'ouvrir une nouvelle enquête de police sur un éventuel génocide" dans ce territoire yanomami, a déclaré le ministre Flavio Dino à CNN Brésil.

"Nous considérons qu'il y a des indications très fortes d'un refus d'assistance alimentaire et sanitaire à ces populations indigènes", a-t-il ajouté.

L'enquête, qui vise des agents publics et des responsables du secteur de la santé dans le territoire indigène, portera également sur des allégations de crimes environnementaux et de détournement de ressources publiques.

Le ministère de la Santé a annoncé la semaine dernière la mort dans ce territoire isolé au milieu de la forêt vierge en 2022 de 99 enfants âgés de moins de cinq ans.

Parmi les causes de décès, des pneumonies, des diarrhées et des gastro-entérites, probablement d'origine infectieuse, ainsi que des hémorragies ou une malnutrition sévère.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, investi le 1er janvier, s'était rendu samedi à Boa Vista, dans l'Etat du Roraima, dans le nord du pays, où se trouve en partie le territoire yanomami.

"Ce que j'ai vu m'a ébranlé", avait-il indiqué, évoquant des scènes "inhumaines" en rendant compte de sa visite.

Quelque 30.400 autochtones vivent dans les terres yanomami, à cheval sur les Etats Roraima et Amazonas, mais également sur une partie du Venezuela voisin.

Les populations de ces terres, censées être inviolables et où toute exploitation minière est interdite, ont du mal à se nourrir en raison de la destruction de la forêt tropicale où elles trouvent normalement leurs moyens de subsistance.

Selon les chefs yanomami, quelque 20.000 chercheurs d'or clandestins ont envahi leur territoire, tuant des indigènes, abusant sexuellement des femmes et des adolescentes et contaminant leurs rivières avec le mercure qui permet de séparer l'or des sédiments.

Les autorités ont par ailleurs trouvé "une structure de soins très précaire" sur les terres des Yanomami, a dit le ministre de la Justice.

L'annonce du limogeage de 43 militaires de la Funai a été publiée dans le Journal officiel tard lundi. La ministre des peuples indigènes Sonia Guajajara, un portefeuille créé par le gouvernement de gauche, s'en est félicitée.

Ces hommes, nommés par Marcelo Xavier, un responsable de la police fédérale qui a présidé la Funai en 2019-2020 et avait lui-même été nommé par Bolsonaro, "avaient une orientation totalement opposée" à la protection des droits indigènes, a-t-elle accusé.