23.02.10 - TPIR/NGIRABATWARE - LES TUTSIS « INSULTES ET HUMILIES » AU TRAVAIL AVANT LE GENOCIDE

Arusha, 23 février  2010 (FH) - Une femme tutsie citée par l'accusation dans le procès de l'ex-ministre du Plan, Augustin Ngirabatware, a décrit mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) son lot quotidien d'insultes et humiliations dans les services gouvernementaux, où elle travaillait avant le génocide de 1994.

1 min 46Temps de lecture approximatif

« Tous les Tutsis (du département) étaient insultés, humiliés. On nous humiliait ouvertement au su et au vu des autorités », a raconté la dame, désignée, pour son témoignage, par le nom de code ANAP.

Elle a, par inadvertance, mentionné clairement le service dans lequel elle travaillait mais le juge président tanzanien, William Hussein Sekule, a ordonné que cette précision soit placée sous scellé pour éviter de divulguer l'identité de ce témoin protégé.

 « J'ai toujours vécu la peur au ventre », depuis le déclenchement, en octobre 1990, de la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), actuellement au pouvoir, a témoigné ANAP.

Ce sentiment de peur a atteint son paroxysme après la mort du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, selon la déposition.

« J'étais tutsie, j'étais accusée d'appartenir au FPR, j'avais toutes les raisons d'avoir peur », dans les heures suivant l'assassinat du chef de l'Etat. C'est ainsi, a-t-elle dit, qu'elle est allée se cacher chez une voisine, première étape de son calvaire durant le génocide.

Lorsque la chambre a ordonné le huis clos pour la suite de l'audition, ANAP, qui jouit actuellement de la nationalité belge, n'avait pas encore porté d'accusations directes contre l'ex-ministre.

Avant le début de cette déposition, Peter Herbert, l'avocat principal britannique de Ngirabatware, avait fait remarquer que les renseignements personnels figurant sur la fiche d'identification établie par le témoin pour son audition étaient différents de ceux fournis aux autorités belges, au cours du processus de naturalisation.

La chambre n'a pas permis de débat sur la question mais Me Herbert y reviendra certainement lors du contre-interrogatoire.

Inculpé de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, Ngirabatware qui clame son innocence, est accusé d'avoir incité aux massacres de Tutsis dans sa région natale de Gisenyi (nord) et d'avoir détourné des fonds publics au profit des miliciens Interahamwe, principaux bras armés du génocide

  

ER/GF

© Agence Hirondelle