Srebrenica/incident: le conseil des ministres condamne, demande une enquête urgente

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Le conseil des ministres de Bosnie a condamné lundi l'incident dont a été la cible le Premier ministre serbe, samedi lors cérémonies du 20e anniversaire du massacre de Srebrenica, et demandé une enquête urgente pour identifier les auteurs de cet acte.

"Nous avons demandé à toutes les institutions concernées l'ouverture d'une enquête urgente pour identifier et traduire en justice les auteurs de cet acte qui représente non seulement une attaque contre Aleksandar Vucic mais aussi contre la dignité des victimes", a déclaré à la presse le président du conseil des ministres Denis Zvizdic.

M. Vucic a été touché à la tête par un jet de pierre samedi à Srebrenica. Il venait de déposer une fleur devant un monument portant les noms des plus de 6.200 victimes identifiées et enterrées au mémorial de Srebrenica lorsque la foule a commencé à scander "Allah Akbar !" ("Dieu est grand !") et à jeter des pierres dans sa direction. Certains ont même tenté de s'en prendre physiquement à lui. Il a fini par quitter le mémorial en courant, protégé par ses gardes du corps dont plusieurs ont été touchés par des pierres.

Il y a vingt ans, peu avant la fin du conflit intercommunautaire (1992-95) et alors que la région était déclarée "zone protégée" par l'ONU, quelque 8.000 hommes et garçons musulmans ont été tués à Srebrenica par les forces serbes bosniennes, la pire tuerie en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, que la justice internationale a qualifié de génocide.

Selon M. Zivzdic, l'incident est également une attaque "contre les efforts déployés par la Bosnie pour établir de bonnes relations avec ses voisins".

M. Zvizdic toutefois précisé que l'incident mettait en évidence les défaillances dans l'organisation des institutions du pays chargées de l'ordre et de la sécurité.

La Bosnie est, depuis la fin de la guerre divisée en deux entités, l'une serbe et l'autre croato-musulmane, reliées par de faibles institutions centrales à Sarajevo.

Dès samedi, la présidence collégiale bosnienne avait "condamné dans les termes les plus vifs l'attaque" contre M. Vucic et "exprimé ses profonds regrets".

Mais, le souvenir de M. Vucic, un ancien faucon de l'ultranationalisme serbe, devenu proeuropéen convaincu, reste ancré dans la mémoire des musulmans bosniens pour ses propos tenus en juillet 1995, quelques jours après le massacre de Srebrenica : "Si vous tuez un Serbe, nous allons (tuer) 100 Musulmans", avait-il dit.