La mairie de Paris veut débaptiser l'avenue Bugeaud, maréchal de l'époque coloniale

La mairie de Paris veut débaptiser une avenue de l'ouest de la capitale du nom du maréchal Bugeaud, figure de la colonisation de l'Algérie par la France au XIXe siècle, mais le maire LR du XVIe arrondissement s'y oppose.

Annoncée par la maire PS Anne Hidalgo dans l'émission Quotidien le 22 novembre, cette mesure fera l'objet d'un voeu symbolique lors du prochain Conseil de Paris mi-décembre, avant une délibération d'ici à l'été 2024, a annoncé jeudi l'adjointe à la mémoire Laurence Patrice.

Transmis à l'AFP, le voeu prévoit que l'avenue située entre la porte Dauphine et la place Victor-Hugo prenne le nom d'Hubert Germain, ancien résistant, compagnon de la Libération et ministre décédé en 2021.

La mairie justifie ce changement de nom par le "discrédit qui frappe aujourd'hui la mémoire de Robert Bugeaud" et le "rôle éminemment néfaste qu'il a tenu dans l'histoire de ces deux pays".

En Algérie, dans les années 1830-1840, il s'était "rendu coupable de ce qui serait aujourd'hui qualifié de crimes de guerre", son armée employant des "méthodes meurtrières et inhumaines", souligne la mairie.

Même à Paris, le maréchal a commis des "exactions", "en particulier lors de la répression de l'insurrection république de 1834", souligne la mairie.

Interrogée à son sujet sur TMC, Anne Hidalgo avait annoncé son intention de "débaptiser" l'avenue, tout en expliquant être défavorable à la généralisation de cette pratique.

"Il faut évidemment que le maire du XVIe nous accompagne", avait-elle ajouté.

Mais contacté par l'AFP, le maire (LR) d'arrondissement Jérémy Redler s'est dit "contre l'idée de débaptiser des rues", très subjective selon lui.

"C'est une erreur politique de rentrer dans cet engrenage", estime l'élu, qui met aussi en avant "l'horreur" administrative que représente un tel changement pour les riverains.

M. Redler, élu maire début novembre à la faveur de l'élection au Sénat de son prédécesseur Francis Szpiner, affirme n'avoir "pas été du tout consulté" par la mairie centrale.

Depuis 2001, seules cinq dénominations ont été retirées dans les rues de Paris, "dans des cas exceptionnels" où elles "heurtaient nos valeurs communes", indique la mairie.

"Je ne suis pas du tout pour le déboulonnage des statues, je préfère qu'on ajoute et qu'on complète l'histoire par de l'explication", avait expliqué Anne Hidalgo sur Quotidien.

En 2003, son prédécesseur Bertrand Delanoë avait débaptisé la rue Alexis-Carrel, du nom du chirurgien français partisan de l'Allemagne nazie.

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