31.05.11 - RWANDA/GACACA - HRW DRESSE UN BILAN « MITIGE » DES JURIDICTIONS GACACAS

New York, 31 mai 2011 (FH) - L'organisation des droits de l'homme  Human rights watch (HRW) a dressé un bilan « mitigé » du travail des gacacas, faisant état d' «un large éventail de violations » des principes de l'équité par ces tribunaux populaires chargés de juger la presque totalité des auteurs présumés du génocide des Tutsis de 1994.

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Tout en reconnaissant que ce système « a connu certaines réussites » comme « la tenue de procès rapides avec la participation populaire, une réduction de la population carcérale, une meilleure compréhension de ce qui s'est passé en 1994 », Human rights watch (HRW) affirme, dans un rapport publié mardi avoir « constaté un large éventail de violations (des principes d'un) procès équitable ».

Dans un communiqué publié sur le site internet du gouvernement, le ministre rwandais de la Justice Tharcisse Karugarama, critique vivement le rapport, accusant l'organisation de se moquer « des efforts de tous les Rwandais qui travaillent ensemble pour promouvoir la justice et la réconciliation » : « Nous appelons Human rights watch à trouver un moyen, à l'avenir, d'équilibrer les critiques informées en tenant compte de l'énormité des défis auxquels le Rwanda était confronté après le génocide », poursuit le ministre.

HRW parle notamment « de restrictions sur la capacité de l'accusé à établir une défense efficace ; de fausses accusations, dont certaines basées sur la volonté du gouvernement rwandais de faire taire les critiques ; du détournement du système gacaca pour régler des comptes personnels ; d'intimidation de témoins à décharge par des juges ou par des autorités ».

Toujours selon l'organisation, des victimes de viols pendant le génocide auraient souhaité que leurs affaires restent de la compétence des tribunaux classiques « dotés d'une meilleure protection des renseignements personnels ». Un amendement de 2008 a élargi la compétence des gacaca au crime de viol.

L'organisation reproche enfin au Rwanda de ne pas avoir inclus dans la compétence des gacaca, les crimes qui auraient été commis en 1994 par des éléments de l'ancienne rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) actuellement au pouvoir.

De l'avis de HRW, cela « a limité le potentiel des juridictions gacaca à favoriser la réconciliation à long terme au Rwanda ».

« Le choix des gacaca par le Rwanda doit être considéré dans son contexte, réagit le ministre Karugarama. Après le génocide, le pays était anéanti et avait très peu de gens ayant une formation juridique. Gacaca a été une réponse à cela ».

SN/GF

 © Agence Hirondelle