La résolution sur le génocide de Srebrenica qui doit être votée à l'ONU jeudi menace de détruire la Bosnie-Herzégovine, a déclaré mercredi le chef sécessionniste des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik.
"La Bosnie Herzégovine est finie. Il n'y aura aucune façon de réparer ce que cette résolution va détruire", a écrit sur X M. Dodik, avant de réitérer ses propos lors d'une conférence de presse impromptue à Sarajevo dans l'après-midi.
"La Bosnie était quelque chose avant la résolution à l'ONU, qui a été lancée par les musulmans, de façon illégale et non-constitutionnelle", a-t-il dit devant la presse - sans que les journalistes ne puissent poser de question, "et après, elle sera autre chose".
M. Dodik, à la tête de l'entité serbe de Bosnie (Republika Srpska, RS) depuis 2006, rejette régulièrement le terme de génocide pour parler du massacre de Srebrenica dans lequel 8.000 hommes et adolescents musulmans ont été abattus par les forces serbes à l'été 1995, quelques mois avant la fin de la guerre (1992-1995). "Srebrenica est une imposture", a-t-il encore lancé mi-mai.
Comme M. Dodik, de nombreux dirigeants serbes combattent cette résolution - la Republika Srpska est ainsi recouverte mercredi de panneaux sur lesquels on peut lire "Nous ne sommes pas un peuple génocidaire", signés "Fières Serbie et Republika Srpska".
Un slogan également populaire en Serbie, où il a été projeté mardi soir sur l'une des plus grandes tours de la capitale, Belgrade.
Le projet de résolution, présenté par l'Allemagne et le Rwanda, vise à faire du 11 juillet la "Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995".
Le texte condamne également "sans réserve toute négation de l'historicité du génocide commis à Srebrenica" et "les actes qui glorifient les personnes ayant été reconnues coupables" de ces crimes.
Les co-auteurs du texte ont ajouté, à la demande du Monténégro, une phrase qui précise que la culpabilité de certains individus ne peut être imputée "à un groupe ethnique, religieux ou autre dans son ensemble".
Les chefs militaires serbes Ratko Mladic et Radovan Karadzic ont été condamnés à la perpétuité par la justice internationale pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour ce massacre. Ils sont tous les deux emprisonnés à La Haye.
Le gouvernement de RS a prévu d'aller jeudi à Srebrenica jeudi à la mi-journée : ils se rendront au cimetière où sont enterrées les victimes serbes à Bratunac, mais leur demande de "déposer des fleurs" au cimetière de Srebrenica a été rejetée par le centre mémorial.