07.04.12 - RWANDA/GENOCIDE - PAUL KAGAME ACCUSE L’OCCIDENT DE PROTEGER LES SUSPECTS DE GENOCIDE

Kigali, 7 avril 2012 (FH) – Le président rwandais Paul Kagame a accusé samedi les pays occidentaux de laisser circuler librement sur leur territoire les personnes soupçonnées de participation au génocide des Tutsi de 1994, que le Rwanda commémore pour la dix-huitième année.

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Perpétré par des extrémistes hutus, le génocide d’avril à juillet 1994 a fait, selon l’ONU, près de 800.000 tués.

« Au moment où nous honorons la mémoire de ceux que nous avons perdus, certains de ceux qui les ont tués circulent encore librement dans les capitales du monde dit libre. Il y a peu d’efforts pour les appréhender et lorsque cela arrive, c’est un simulacre destiné à nous aveugler et nous donner l’impression qu’ils sont en train de rendre justice », a déclaré le dirigeant rwandais.

La France se trouve au premier rang des pays souvent accusés par le Rwanda de protéger les suspects de génocide installés sur son territoire.

Une délégation de juges d’instruction français a rencontré cette semaine à Kigali le procureur général du Rwanda, Martin Ngoga, après que celui-ci avait menacé de suspendre la coopération de son institution avec la justice française. Selon la partie rwandaise, le différend a été aplani et les enquêteurs français peuvent poursuivre leurs missions au Rwanda.

Même lorsque les suspects sont arrêtés, « ils sont relâchés peu après », a encore accusé le président rwandais, dans un discours en anglais qu’il a ensuite repris en langue rwandaise, faute de confiance dans les interprètes.

« Mais lorsque des actes de terrorisme sont commis contre leur peuple, le monde entier est mobilisé, en réalité, parfois forcé de se joindre à la recherche de ces criminels pour qu’ils soient traduits en justice », a-t-il fait remarquer.

« C’est comme si les vies de Rwandais, ou de façon similaires, les vies d’Africains ont moins de valeur que les vies de leurs citoyens », a estimé Kagame.

Il a également reproché à ces pays occidentaux de donner aux suspects les facilités nécessaires « pour célébrer le génocide et dire que ce qu’ils ont fait était juste ».

Pour le chef de l’Etat rwandais, c’est « de l’hypocrisie, de l’injustice » que, « nous, Africains, avons longtemps subies et que nous devons rejeter par tous les moyens ».

Kagame a par ailleurs fait valoir le droit naturel de son pays d’être dépositaire des archives de tous les procès relatifs au génocide des Tutsi. « Ces archives sont nôtres même si elles doivent être partagées avec le reste du monde, spécialement avec notre continent. Nous devrions être les premiers dépositaires de ces choses. Il n’y a aucune raison valable pour laquelle toutes les archives en rapport génocide ne seraient pas conservées par nous, ici au Rwanda », a-t-il dit.

SRE-ER/GF