Israël a expulsé mardi la Suédoise Greta Thunberg par avion vers la Suède via la France, après son arrestation à bord d'un bateau d'aide pour Gaza avec d'autres militants pro-palestiniens.
Parmi les 12 personnes qui se trouvaient à bord du voilier, le Madleen, deux Français ont accepté d'être expulsés dès mardi tandis que quatre autres ont refusé dans l'attente d'une décision de justice, a indiqué le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
A son arrivée à l'aéroport parisien de Roissy dans l'après-midi, Greta Thunberg a déclaré à des journalistes que les passagers du voilier parti d'Italie le 1er juin pour "briser le blocus israélien de Gaza" avaient été "kidnappés" par Israël en mer lundi matin.
"Nous avons été kidnappés dans les eaux internationales et emmenés contre notre gré en Israël", a-t-elle affirmé, ajoutant n'avoir "enfreint aucune loi" avec les autres militants -- français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais.
La militante est arrivée dans la soirée à Stockholm où, à des journalistes qui lui demandaient si elle avait eu peur lors de l'arraisonnement du voilier, elle a répondu: "ce qui me fait peur, c'est le silence des gens alors qu'un génocide est en cours".
Elle a dénoncé les "violations continues du droit international" et les "crimes de guerre dont Israël se rend coupable".
C'était la première fois depuis des années que Greta Thunberg, une icône de la lutte contre le changement climatique soucieuse de réduire son propre impact carbone, prenait l'avion.
- "100 ans" d'interdiction -
Les passagers du bateau transportant de l'aide humanitaire pour Gaza voulaient "briser le blocus israélien" dans le territoire palestinien où la situation humanitaire est désastreuse après plus de 20 mois de guerre. Celle-ci a été déclenchée par l'attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël du mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza.
La Marine israélienne a arraisonné le Madleen lundi matin à environ 185 kilomètres de la côte de Gaza et l'a conduit jusqu'au port d'Ashdod, dans le sud du pays. Les passagers ont ensuite été conduits à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv en vue de leur expulsion.
Les six militants français ont reçu la visite de diplomates français, a indiqué M. Barrot. "Deux d'entre eux ont accepté de signer les papiers les expulsant du territoire israélien et leur permettant de rentrer dans notre pays. Quatre l'ont refusé", a déclaré le ministre à des journalistes, précisant que l'eurodéputée franco-palestinienne de gauche Rima Hassan faisait partie de ceux ayant décliné.
Loubna Touma, une avocate d'Adalah, ONG israélienne de défense des droits de la minorité arabe qui assiste la plupart des militants arrêtés, notamment des Français, a déclaré à l'AFP que la principale raison du refus avancée par les militants pour signer le document d'expulsion est qu'ils contestent le fait d'être entrés illégalement en Israël.
Selon l'ONG, les 12 militants se sont vu infliger une interdiction d'entrer en Israël pendant 100 ans.
Les deux ressortissants français ayant signé un document autorisant leur expulsion sont un journaliste pour la chaîne qatarie Al Jazeera, Omar Faiad, et un médecin, Baptiste André, a précisé une source diplomatique française.
- "Provocation" -
Après avoir atteint la côte égyptienne, le voilier s'était approché de Gaza en dépit des mises en garde d'Israël contre toute tentative de "briser le blocus maritime" imposé au territoire, "dont l'objectif principal est d'empêcher le transfert d'armes au Hamas", considéré comme un organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne notamment.
Le gouvernement israélien a accusé lundi "Greta Thunberg et les autres (d'avoir) essayé de mettre en scène une provocation médiatique dans le seul but de se faire de la publicité".
Israël fait face à une forte pression internationale pour mettre fin à la guerre. Les bombardements quotidiens de son armée ont dévasté la bande de Gaza, où la population est menacée de famine, selon l'ONU.
Mardi, une commission internationale d'enquête des Nations unies a affirmé que les attaques israéliennes contre des écoles et des sites religieux et culturels à Gaza constituaient des crimes de guerre et un crime contre l'humanité consistant à chercher à exterminer les Palestiniens.
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 54 restent retenues à Gaza, dont au moins 32 sont mortes, selon les autorités israéliennes.
Plus de 54.880 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.