Vêtues de rouge, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dimanche dans les rues de La Haye et de Bruxelles pour deux manifestations massives visant à interpeller leurs gouvernements sur la situation dans le territoire palestinien de Gaza, qualifiée de "génocide".
Samedi, des milliers de personnes avaient manifesté en France dans le cadre d'un weekend mondial de mobilisations.
Quelque 150.000 manifestants ont défilé à La Haye, selon les organisateurs, une mobilisation encore plus forte que celle du 18 mai dans la même ville néerlandaise (100.000 personnes).
A Bruxelles, où l'objectif était aussi d'interpeller l'Union européenne, accusée d'inaction, le cortège a réuni 75.000 personnes selon la police, plus de 110.000 d'après les organisateurs. Ceux-ci ont revendiqué la plus grande manifestation jamais organisée en Belgique en soutien aux Palestiniens.
Dans les deux pays voisins, les organisateurs, parmi lesquels Amnesty International et Oxfam, avaient appelé les participants à créer une "ligne rouge" pour Gaza, en portant un vêtement de cette couleur (tee-shirt, écharpe, casquette). Les cortèges ont de fait pris l'allure d'une mer rouge.
A La Haye, où la marche avait pour point d'arrivée la Cour internationale de justice, certains brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "Ne détournez pas le regard, faites quelque chose", "Arrêtez la complicité néerlandaise" et "Silence quand les enfants dorment, pas quand ils meurent".
Les organisateurs ont exhorté le gouvernement néerlandais - qui s'est effondré le 3 juin après le retrait d'un parti d'extrême droite d'une coalition fragile - à faire davantage pour maîtriser Israël.
"Plus de 150 000 personnes ici vêtues de rouge (...) veulent simplement des sanctions concrètes pour arrêter le génocide à Gaza", a déclaré Michiel Servaes, directeur d'Oxfam Novib.
"Nous exigeons une action de la part de notre gouvernement maintenant", a-t-il ajouté.
"Ça doit s'arrêter. Ça suffit. Je n'en peux plus." "Je suis ici parce que je pense que c'est peut-être la seule chose qu'on peut faire maintenant en tant que citoyen néerlandais, mais c'est quelque chose qu'on doit faire", s'est exclamée de son côté Dodo Van Der Sluis, une retraitée de 67 ans.
Un point de vue auquel faisait écho Lydie Vrijdag, une retraitée de Malines (Belgique) venue défiler à Bruxelles. "Il y a un génocide en cours, notre gouvernement ne réagit pas, et l'Union europénne non plus ne prend aucune décision", a-t-elle déclarée à l'AFP.
- "Recherché" -
Dans la capitale de l'UE, les manifestants, parmi lesquels de nombreuses familles avec enfants, scandaient "Free free Palestine" ou brocardaient le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Une affiche montrait son visage surmonté d'un "Recherché pour crimes contre l'humanité".
Aux Pays-Bas, le Premier ministre démissionnaire Dick Schoof a réagi sur X: "A tous ceux qui sont à La Haye, je dis: nous vous voyons et nous vous entendons". "En fin de compte, notre objectif est le même: mettre fin aux souffrances à Gaza au plus vite", a-t-il ajouté.
Des élections provoquées par la chute du gouvernement sont prévues le 29 octobre.
Israël a lancé des attaques depuis vendredi contre l'Iran, qu'elle soupçonne de vouloir se doter de l'arme nucléaire.
Ce pays avait repris son offensive à la mi-mars sur la bande de Gaza, et intensifié ses opérations militaires le 17 mai, dans le but affiché d'anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas, de libérer les derniers otages restants et de prendre le contrôle du territoire.
L'ONU a mis garde le 30 mai contre un risque de famine dans toute la bande de Gaza en raison d'un blocus humanitaire.
L'attaque lancée le 7 octobre 2023 en Israël par le Hamas a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
En représailles, Israël a lancé une campagne militaire qui a tué plus de 54.600 Palestiniens, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
En janvier 2024, la Cour internationale de justice (CIJ) a appelé Israël à prévenir tout acte de génocide. Le chef des opérations humanitaires de l'ONU a aussi a exhorté mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".