Les violations des droits humains en Erythrée, petit pays de la Corne de l'Afrique dirigé d'une main de fer depuis plus de trois décennies par Issaias Afeworki, sont "systémiques", a déploré le rapporteur spécial auprès de l'ONU sur les droits de l'Homme dans le pays.
L'Erythrée, parfois surnommée la "Corée du Nord de l'Afrique", occupe la queue de peloton de nombreux classements internationaux, que ce soit en matière de liberté de la presse (180e sur 180 en 2025 selon Reporters sans frontières) ou de développement humain (175e sur 183 en 2022 selon l'ONU).
Les violations des droits humains dans ce pays de quelque 3,5 millions d'habitants sont "systémiques", a affirmé lundi depuis Genève le rapporteur spécial auprès de l'ONU sur les droits de l'Homme en Érythrée, Mohamed Abdelsalam Babiker.
"A ceux qui sont détenus sans inculpation ni procès, dont on n'a plus entendu parler depuis des décennies, vos noms continueront d'être prononcés", a poursuivi cet expert de l'ONU, qui n'a pas été autorisé à se rendre dans le pays.
Le chargé d'affaires érythréen auprès des organisations onusiennes à Genève, Habtom Zerai, a dénoncé de son côté un rapport qui "manque d'objectivité, de transparence, de responsabilité et d'équilibre".
Héros de l'indépendance, arrachée à l'Ethiopie par la lutte armée en 1991, deux ans avant d'accéder à la reconnaissance internationale, Issaias Afeworki, 79 ans, dirige le pays en réprimant toute contestation, et sans avoir jamais organisé d'élections.
Dans ce petit État fermé de la Corne de l'Afrique, à parti unique, les dissidents disparaissent au goulag et les civils sont enrôlés à vie dans l'armée ou contraints au travail forcé dans le cadre d'un service national assimilé à de l'esclavage, dénonce l'ONU.
L'armée érythréenne a également été accusée par les Nations unies et des organisations de défense des droits humains de crimes de guerre durant le conflit au Tigré (2020-2022), dans le nord de l'Ethiopie. Des accusations rejetées par Asmara.
