Israël a prévenu jeudi que le guide suprême d'Iran Ali Khamenei "ne peut être autorisé à continuer d'exister", après qu'un hôpital a été touché et des dizaines de personnes ont été blessées dans plusieurs villes en Israël, cible de nouvelles salves de missiles iraniens.
Au 7e jour de la guerre entre les deux pays ennemis, l'armée israélienne a dit avoir frappé avant l'aube des dizaines de sites en Iran, dont un "réacteur nucléaire inachevé" à Arak et "un site de développement d'armes nucléaires à Natanz" (centre).
A Washington, le président américain Donald Trump, un allié d'Israël, n'a pas exclu une entrée en guerre des Etats-Unis pour briser le programme nucléaire de l'Iran accusé malgré ses démentis de chercher à fabriquer l'arme atomique.
Après une attaque de dizaines de missiles iraniens, l'alerte a été activée le matin dans plusieurs régions d'Israël, dont Tel-Aviv, où les habitants ont couru dans les abris. Les secours ont fait état de 47 blessés.
Selon Shlomi Kodesh, directeur général du centre médical de Soroka à Beersheva (sud), "après la frappe, plusieurs services ont été entièrement détruits et l'ensemble de l'hôpital a subi d'importants dégâts". "Le bâtiment directement touché était vide. D'autres services du centre, qui accueillaient des patients, ont été touchés. Nous comptons 40 blessés, la grande majorité légèrement."
"Le lâche dictateur iranien tire délibérément sur des hôpitaux et des immeubles résidentiels en Israël. Ce sont là des crimes de guerre parmi les plus graves, et Khamenei devra répondre de ses crimes", a déclaré le ministre de la Défense Israël Katz.
Ali Khamenei "considère la destruction d'Israël comme un objectif", a-t-il ensuite affirmé. "Un tel homme ne peut être autorisé à continuer d'exister."
Des images de l'AFP ont montré une colonne de fumée noire s'échappant de l'hôpital, qui fournit des soins notamment aux soldats israéliens blessés dans la guerre à Gaza, limitrophe du sud d'Israël.
Le toit d'un immeuble du complexe hospitalier semble avoir été arraché par la déflagration. Des vitres ont volé en éclats et des murs ont été noircis par la fumée. Les équipes médicales ont évacué des patients sur des brancards et des respirateurs vers des zones à l'abri.
- "Dieu est avec nous" -
Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de l'Iran, ont affirmé que "le centre de commandement et de renseignement du régime, situé près d'un hôpital, a été pris pour cible par des missiles guidés de haute précision".
"Les dictateurs terroristes iraniens ont tiré des missiles sur l'hôpital Soroka et sur des civils. Nous ferons payer un prix lourd aux tyrans", a averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, après avoir affirmé lundi que tuer l'ayatollah Khamenei mettrait "fin au conflit".
M. Katz a indiqué avoir, avec le Premier ministre, ordonné une intensification des frappes en Iran pour "éliminer les menaces pesant sur l'Etat d'Israël" et "ébranler le régime des ayatollahs".
Ailleurs en Israël, à Holon et Ramat Gan, des banlieues de Tel-Aviv (centre), plusieurs immeubles ont été touchés et gravement endommagés. Des carcasses de voitures entièrement calcinées gisaient dans les rues.
"La vérité, c'est que Dieu est avec nous et que le gouvernement doit continuer à faire ce qu'il fait (...) Personne ne doit s'arrêter, car tout ira bien", a déclaré Renana, une habitante d'un immeuble touché à Ramat Gan.
Depuis le début de la guerre, déclenchée le 13 juin par une attaque sans précédent d'Israël, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts en Iran selon un dernier bilan officiel fourni dimanche. En Israël, les tirs iraniens ont fait 24 morts, selon le gouvernement.
L'Iran "continuera à exercer son droit à l'autodéfense", a réaffirmé jeudi le chef de la diplomatie Abbas Araghchi, qui a par ailleurs annoncé sa participation à une réunion vendredi à Genève avec ses homologues allemand, français et britannique.
- Pas de décision "finale" de Trump -
Mercredi, Ali Khamenei a proclamé que son pays ne se rendrait "jamais", après un appel de M. Trump à la reddition, et averti les Etats-Unis qu'une intervention dans la guerre conduirait à des "dommages irréparables".
Donald Trump a ensuite assuré n'avoir pas encore pris de décision "finale" sur une éventuelle participation américaine aux frappes contre l'Iran, après avoir affirmé il y quelques jours que les Etats-Unis pouvaient, s'ils le voulaient, tuer l'ayatollah Khamenei.
Selon des médias américains, M. Trump a dit mardi à des conseillers qu'il avait approuvé des plans d'attaque contre l'Iran mais qu'il les retenait pour voir si Téhéran ne revenait pas sur son programme nucléaire.
La Russie a mis en garde Washington contre toute "intervention militaire" qui aurait des "conséquences négatives imprévisibles".
Les Etats-Unis, qui ont déployé un troisième porte-avions, le Nimitz, vers le Moyen-Orient, sont les seuls à détenir la bombe GBU-57, unique arme susceptible d'être capable d'atteindre le coeur profondément enfoui du programme nucléaire iranien, à Fordo, au sud de Téhéran.
- "Pas en capacité" -
Affirmant disposer de renseignements prouvant que l'Iran s'approchait du "point de non-retour" vers la bombe atomique, Israël a frappé depuis le 13 juin des centaines de sites militaires et nucléaires dans ce pays et tué les plus hauts gradés ainsi que des scientifiques nucléaires.
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a affirmé mercredi, que l'AIEA "n'est pas en capacité de dire qu'il existe (de la part de l'Iran) un effort direct vers la fabrication d'une arme nucléaire".
Israël, lui, maintient l'ambiguïté sur sa propre possession de l'arme atomique, et détient 90 ogives nucléaires, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
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