Les élections générales prévues en Birmanie par la junte au pouvoir sont une "imposture" et devraient être rejetées par la communauté internationale, a déclaré mercredi un expert de l'ONU.
Quatre ans après le coup d'Etat qui l'a porté au pouvoir en février 2021 et renversé la dirigeante élue Aung San Suu Kyi, le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing a annoncé le 8 mars des élections pour décembre ou janvier 2026.
Elles se tiendront de manière "libre et équitable", a-t-il assuré. Le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme en Birmanie, Tom Andrews, n'y croit pas.
"Il ne peut pas y avoir d'élection si l'on emprisonne, torture et exécute ses opposants, s'il est illégal que les journalistes rapportent la vérité, s'il est illégal de s'exprimer et de critiquer la junte", a déclaré l'expert, en conférence de presse.
L'armée birmane a pris le pouvoir en 2021, alléguant sans preuve une fraude électorale massive lors du scrutin de 2020, remporté largement par la Ligue nationale pour la démocratie d'Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la Paix.
La junte a ensuite lancé une répression sanglante contre toute dissidence et, alors que les combats ravageaient une grande partie du pays, elle a reporté à plusieurs reprises les élections, jugées par ses opposants impossibles à tenir de manière libre et équitable.
Une guerre civile oppose les forces de la junte à plusieurs groupes rebelles et aux groupes armés de minorités ethniques établis de longue date. Les sanctions commerciales occidentales ont par ailleurs isolé la Birmanie, la rendant plus dépendante de l'aide économique et militaire chinoise et russe.
"Ils cherchent une porte de sortie face à la pression internationale", a déclaré M. Andrews.
Min Aung Hlaing est lui-même visé par de nombreuses sanctions internationales et le procureur de la Cour pénale internationale a demandé un mandat d'arrêt à son encontre pour des crimes contre l'humanité présumés commis envers les Rohingyas, groupe ethnique majoritairement musulman de Birmanie.
Pour Tom Andrews, mandaté par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mais qui ne s'exprime pas au nom de l'organisation, la junte "essaie de créer le mirage d'une élection qui pourrait donner lieu à un gouvernement civil légitime".
"Il est important que les pays rejettent cette idée d'élection et ne laissent pas la junte militaire commettre en toute impunité cette imposture", affirme-t-il.
Il a également indiqué que plus de 6.800 personnes avaient été tuées en Birmanie depuis le coup d'Etat, et a dénoncé le sort de 22.000 prisonniers politiques.