Une frappe russe sur une colonie pénitentiaire ukrainienne dans la nuit de lundi à mardi a tué au moins 17 personnes dans la région de Zaporijjia au sud du pays, selon Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonçant un bombardement "délibéré".
"Il s'agissait d'une frappe délibérée, intentionnelle, et non accidentelle", a écrit M. Zelensky sur les réseaux sociaux, estimant que "les Russes ne pouvaient ignorer qu'ils visaient des civils dans cet établissement".
Selon le ministère ukrainien de la Justice, la frappe a tué au moins 17 personnes et en a blessé 42 autres, dont un employé de la prison.
Des images publiées par le ministère montrent des débris et des briques éparpillés au sol autour d'un bâtiment de la colonie pénitentiaire de Bilenkivska, dont les vitres ont été soufflées. Il n'y a pas de risque que des détenus s'évadent, l'enceinte de l'établissement n'étant pas endommagée, a précisé le ministère.
Des secouristes s'activaient pour rechercher des survivants dans les décombres, d'après des photos publiées par les services de secours de la région.
Le chef de l'administration régionale, Ivan Fedorov, a indiqué que la Russie avait mené huit frappes aériennes sur la région de Zaporijjia, dont une avait touché la prison.
Cette frappe a lieu trois ans jour pour jour après une attaque aérienne contre la prison d'Olenivka dans une partie de la région ukrainienne de Donetsk (Est) sous occupation russe, qui avait tué de nombreux prisonniers ukrainiens.
La frappe intervient également un jour après que le président américain Donald Trump a fixé à Moscou un nouvel ultimatum, plus court, pour mettre fin à plus de trois ans d'invasion de l'Ukraine, sous peine de sévères sanctions.
"Le régime de Poutine, qui profère également des menaces contre les États-Unis par l'intermédiaire de certains de ses porte-parole, doit faire face à des coûts économiques et militaires qui le privent de la capacité de faire la guerre", a écrit le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak sur X.
Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que 274 personnes, toutes Ukrainiennes, étaient détenues dans cet établissement pénitentiaire, dans lequel travaillaient 30 employés au moment de la frappe, et qu'aucun prisonnier de guerre russe ne s'y trouvait.
- Crimes de guerre -
A la suite de l'attaque sur la prison, le médiateur ukrainien chargé des droits humains, Dmytro Loubinets, a dénoncé mardi sur X une "violation flagrante du droit humanitaire international" et une "nouvelle preuve des crimes de guerre commis par la Russie".
"Les personnes détenues dans des lieux de détention ne perdent pas leur droit à la vie et à la protection", a-t-il dit.
L'armée de l'air ukrainienne a affirmé que la Russie avait lancé sur l'Ukraine deux missiles et 37 drones ou drones leurres dans la nuit de lundi à mardi, dont 32 ont été abattus. Un nombre plus faible que d'habitude alors que la Russie intensifie ses frappes par drones ces derniers mois, pouvant en lancer plus de 500 par nuit.
"Cinq drones et deux missiles ont touché trois sites", a indiqué l'armée de l'air.
D'autres attaques dans la région de Dnipropetrovsk (centre) et Kharkiv (nord-est) ont fait au moins cinq morts, ont annoncé les autorités locales.
Un tir de missile sur la ville de Kamyanske a tué deux personnes, en a blessé cinq et a endommagé un hôpital, a déclaré Sergiï Lysak, chef de l'administration militaire régionale de Dnipropetrovsk, sur Telegram.
Une autre personne a été tuée et plusieurs autres blessées lors d'une attaque dans le district de Synelnykivskï de cette même région par "des drones" explosifs "et des bombes guidées".
Lors d'une autre attaque à Velykomykhaïlivska, une "femme de 75 ans a été tuée", a-t-il écrit sur Telegram.
Une attaque de roquettes multiples a tué une personne dans la ville de Koupiansk, dans la région de Kharkiv.
En Russie, une personne a été tuée dans la nuit de lundi à mardi dans la région de Rostov par une attaque de drones ukrainiens, a annoncé le gouverneur régional Iouri Sliousar.
Au cours du weekend, l'armée russe a déclaré que ses forces avaient capturé une petite localité dans la région industrielle de Dnipropetrovsk, quelques semaines après s'être emparée du premier village du territoire, ce que Kiev conteste.
L'Ukraine et la Russie s'étaient mutuellement accusés de l'attaque de la prison d'Olenivka, trois ans plus tôt.
Selon l'Ukraine, 53 soldats ukrainiens avaient été tués, et environ 130 autres blessés: de nombreux prisonniers détenus alors dans cette prison faisaient partie du régiment Azov qui avait résisté de longues semaines lors de la bataille de Marioupol au printemps 2022, avait indiqué Kiev.