Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé lundi qu'il donnerait cette semaine "des instructions" sur la poursuite de la guerre dans la bande de Gaza, au moment où les pressions s'accentuent sur son gouvernement pour une issue au conflit et la libération des captifs du 7-Octobre.
Israël entend aussi mettre la question des otages "au centre de l'agenda mondial", a déclaré son chef de la diplomatie, Gideon Saar, à la veille d'une session du Conseil de sécurité de l'ONU qu'il a initiée sur ce dossier.
En conseil des ministres, M. Netanyahu a annoncé qu'il convoquerait "cette semaine" son cabinet pour "donner des instructions" à l'armée "sur la manière d'atteindre les trois objectifs de guerre que nous avons fixés".
"Nous sommes au milieu d'une guerre intense dans laquelle nous avons obtenu des succès très importants, historiques, car nous n'étions pas divisés (...) nous devons continuer à rester unis", a-t-il ajouté. Il a rappelé les "objectifs de la guerre" qui sont "vaincre l'ennemi, libérer nos otages et garantir que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël".
Dans la soirée, la chaine Canal 11 a affirmé que M. Netanyahu réunirait son cabinet mardi. Le Jerusalem Post, citant une source anonyme au Bureau du Premier ministre, affirme que celui-ci "a pris la décision d'occuper entièrement la bande de Gaza, y compris d'effectuer des opérations dans les zones où des otages sont retenus". La chaîne 12 a elle aussi cité un responsable anonyme tenant les mêmes propos.
Réagissant à ces affirmations, l'Autorité palestinienne a dénoncé ces "fuites sur l'occupation de Gaza" et a appellé la communauté internationale à "intervenir de toute urgence pour empêcher leur mise en oeuvre, qu'il s'agisse d'une forme de pression, de ballons d'essai pour jauger les réactions internationales, ou qu'elles soient véritablement sérieuses".
- Israël mené "à sa ruine" -
En guerre contre le Hamas depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur son sol le 7 octobre 2023, le gouvernement israélien fait face à une pression croissante pour y trouver une issue.
Près de 600 anciens responsables de l'appareil sécuritaire en Israël, du Mossad et du Shin Bet notamment, ont appelé lundi le président américain Donald Trump à faire pression sur M. Netanyahu pour mettre fin à la guerre et ainsi ramener "les otages chez eux".
"Arrêtez la guerre à Gaza!", exhorte ce courrier, signé des principaux maîtres-espions israéliens, d'une cohorte d'ex-généraux et de responsables sécuritaires.
M. Netanyahu "mène Israël à sa ruine et les otages à leur mort", a de son côté accusé le Forum des familles, la principale organisation de familles des captifs à Gaza.
"Depuis 22 mois, on vend au public l'illusion que la pression militaire et les combats intenses ramèneront les otages", mais ce "ne sont que mensonge et tromperie du public", a-t-il encore fustigé.
Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 49 restent retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l'armée israélienne, après deux trêves ayant permis la libération des autres.
- "Couloirs humanitaires" -
La publication la semaine dernière par le Hamas et le Jihad islamique de trois vidéos montrant deux otages israéliens, Rom Breslevski et Evyatar David, affaiblis et décharnés, a ravivé en Israël le débat sur l'urgence d'un accord permettant le retour des captifs.
Benjamin Netanyahu a sollicité dimanche l'aide du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour fournir "nourriture" et "traitement médical" aux otages.
Le président israélien, Isaac Herzog, a indiqué sur X être revenu à la charge lundi auprès de la présidente du CICR, Mirjana Spoljaric. Le CICR, qui demande l'accès aux otages depuis octobre 2023, a décliné tout commentaire dans l'immédiat.
Le Hamas a lui exigé en retour des "couloirs humanitaires" pour "le passage de nourriture et médicaments" dans le territoire palestinien assiégé et menacé, selon l'ONU, de "famine généralisée".
La communauté internationale presse aussi Israël, qui n'autorise que des quantités d'aide jugées insuffisantes par l'ONU, d'ouvrir en grand les vannes humanitaires à Gaza.
"Refuser l'accès à la nourriture aux civils peut constituer un crime de guerre, voire un crime contre l'humanité", a déclaré lundi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Volker Türk.
Sur le terrain, l'armée israélienne poursuit ses bombardements et opérations. Selon la Défense civile locale, 19 Palestiniens ont été tués lundi, dont neuf venus chercher des vivres dans le centre du territoire.
- "Enorme cadeau" au Hamas -
Avant de partir pour New York, M. Saar s'en est pris une nouvelle fois aux pays - France, Grande-Bretagne et Canada - ayant récemment annoncé leur intention de reconnaître un Etat de Palestine. Ils font ainsi un "énorme cadeau au Hamas", a-t-il dénoncé.
"J'avais déjà averti" que cela "conduirait à tuer les chances de conclure un accord sur les otages et le cessez-le-feu. C'est exactement ce qu'il s'est passé", a-t-il assuré, en référence à l'échec en juillet de nouvelles négociations indirectes entre Israël et le Hamas.
L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 60.933 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.