La justice sénégalaise a demandé l'ouverture d'une enquête "sur les crimes contre l'humanité" présumés commis lors de violences politiques qui ont fait des dizaines de morts entre 2021 et 2024 sous l'ancien pouvoir, a appris l'AFP vendredi d'une source proche du dossier.
Entre 2021 et 2024, sous l'ex-président Macky Sall, au moins 65 personnes ont été tuées - dont 51 par balles -, pendant des manifestations à l'appel de l'opposition, selon un bilan établi par un collectif de journalistes et de scientifiques.
Selon des responsables du pouvoir actuel, issu de l'opposition, la répression des manifestations aurait fait plus de 80 morts.
Les nouvelles autorités, largement élues en 2024, ont promis "de ne pas laisser impunis les crimes de sang" commis pendant les dernières années de la présidence de Macky Sall (2012-2024).
Le parquet général de la Cour d'appel de Dakar "a demandé au procureur de la République d'ouvrir une enquête sur les crimes contre l'humanité commis durant la période indiquée (2021-2024) et de situer les responsabilités pénales", a précisé à l'AFP une source proche du dossier.
Cette procédure fait suite à une demande du ministre de la Justice du Sénégal, Ousmane Diagne d'ouvrir des "poursuites" pour les "crimes commis" durant ces manifestations politiques, comme indiqué dans un courrier consulté par l'AFP.
"En exécution des instructions du ministre de la Justice", le procureur de la République "a confié l'enquête à la Section recherche de la gendarmerie nationale", a poursuivi la source proche du dossier.
Une loi d'amnistie avait été adoptée en mars 2024, dans les dernières semaines de la présidence de Macky Sall, afin d'apaiser les tensions politiques qui ont secoué le pays, fait des dizaines de morts. Des centaines d'opposants avaient également été arrêtés, dont l'actuel président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko.
Toutefois le Conseil constitutionnel a assuré en avril dernier que les crimes présumés sont "imprescriptibles" et peuvent être jugés.
Pendant les manifestations politiques entre 2021 et 2024, la présence d'hommes armés habillés en civil avait été relayée sur les réseaux sociaux et dénoncée par des défenseurs des droits humains.
Ces hommes ont été accusés par l'opposition de l'époque d'être des "nervis" au service du camp de Macky Sall pour prêter main forte aux policiers et gendarmes et réprimer les contestataires.