Un recours a été déposé mercredi devant un tribunal du centre de la France, pour contester l'interdiction de la ville d'Orléans d'y inhumer Protais Zigiranyirazo, dit "Monsieur Z", figure du régime ayant orchestré le génocide des Tutsi au Rwanda, a-t-on appris auprès du tribunal et de l'avocat de la famille.
Ce recours a été déposé mercredi après-midi devant le tribunal administratif d'Orléans, a indiqué à l'AFP Philippe Meilhac, avocat de la famille, ce qu'a confirmé à l'AFP l'instance judiciaire. L'audience se déroulera jeudi matin à 09H00 (07H00 GMT).
Beau-frère de l'ex-président hutu Juvénal Habyarimana, dont l'assassinat le 6 avril 1994 allait donner le coup d'envoi du génocide des Tutsi au Rwanda, durant lequel quelque 800.000 personnes - membres de la minorité tutsi ou hutus modérés - ont été massacrés en quatre mois.
Décédé le 3 août à Niamey (Niger) à l'âge de 87 ans, Protais Zigiranyirazo avait été condamné à 20 ans de prison pour génocide en première instance par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), mais avait été acquitté en appel en 2009.
Les juges de la chambre d'appel avaient à l'époque conclu que leurs collègues de première instance s'étaient "gravement fourvoyés dans le traitement des preuves" et n'avoir d'autre choix que l'acquittement.
Frère aîné d'Agathe Habyarimana, veuve du président assassiné - laquelle, visée par une plainte de 2008 pour "complicité de génocide" vient de bénéficier mi-août d'un non-lieu de la justice française - "Monsieur Z" reste considéré par beaucoup comme l'un des cerveaux du cercle présidentiel hutu soupçonné d'avoir planifié le génocide.
En attendant la décision de la justice sur l'inhumation, Me Meilhac a indiqué que la tenue de la cérémonie religieuse prévue jeudi à 11H00 (09H00 GMT) devrait être reportée.
Avant l'annonce du recours, l'évêque d'Orléans Mgr Blaquart avait indiqué dans un communiqué qu'il avait, "par respect pour la mémoire des victimes", demandé "la plus grande sobriété dans la célébration des obsèques" et "notifié des restrictions, notamment qu'il n'y ait ni eucharistie ni témoignages".
Le décret de l'évêque d'Orléans n'interdit pas la présence du corps du défunt à la cérémonie, a précisé le diocèse à l'AFP.
Le maire d'Orléans, Serge Grouard, a pris mardi un arrêté interdisant l'inhumation de "Monsieur Z" en raison d'un "risque grave de troubles à l'ordre public" et de "la possibilité sérieuse que la sépulture devienne un lieu de glorification pour les auteurs et complices du génocide rwandais".
Une décision fustigée par Me Meilhac, prise selon lui "sous certaines pressions" d'associations, alors que "l'inhumation avait d'abord été autorisée".

