L'Espagne annonce des mesures pour "mettre un terme au génocide à Gaza" et suscite la colère d'Israël

Espagne et Israël ont de nouveau échangé lundi des déclarations véhémentes, après l'annonce par le Premier ministre espagnol de mesures destinées à "mettre un terme au génocide à Gaza", fustigée par le gouvernement israélien comme l'illustration de la "campagne anti-israélienne et antisémite" menée par Madrid.

Le socialiste Pedro Sánchez est une des voix européennes les plus critiques à l'égard des actions menées à Gaza par Israël, qui n'a plus d'ambassadeur à Madrid depuis la reconnaissance de l'État de Palestine par son gouvernement en mai 2024.

Dans "une étape supplémentaire (...) pour mettre un terme au génocide à Gaza, poursuivre ses auteurs et soutenir la population palestinienne", Pedro Sánchez a annoncé lundi une série de nouvelles mesures, notamment l'interdiction aux navires transportant du carburant pour l'armée israélienne d'accoster dans les ports espagnols.

Egalement parmi ces mesures, qui seront mises en oeuvre "immédiatement", une loi visant à "consolider juridiquement l'embargo sur les (ventes d')armes à Israël, que nous appliquons déjà de facto depuis octobre 2023", a souligné le chef du gouvernement.

Elles comprennent également notamment l'interdiction d'entrée sur le territoire espagnol des personnes "participant directement au génocide", l'interdiction de l'importation de produits "provenant des colonies illégales à Gaza et en Cisjordanie" et la limitation des services consulaires espagnols pour les personnes résidant dans ces colonies.

"Nous savons que toutes ces mesures ne suffiront pas à arrêter l'invasion ni les crimes de guerre, mais nous espérons qu'elles contribueront à augmenter la pression" sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui compte plusieurs ministres d'extrême droite, a poursuivi le dirigeant espagnol.

Immédiatement après cette annonce, le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar a répliqué avec un long message sur le réseau X, accusant le gouvernement espagnol de mener une campagne "anti-israélienne et antisémite continue" afin de "détourner l'attention de graves affaires de corruption", une référence apparente aux dossiers judiciaires dans lesquels sont accusé des proches de Pedro Sánchez.

- "Accusations calomnieuses" -

En guise de sanction, le gouvernement israélien a par ailleurs interdit l'entrée en Israël à la vice-présidente et ministre espagnole du Travail, Yolanda Díaz, ainsi qu'à la ministre de la Jeunesse et de l'Enfance, Sira Rego, d'origine palestinienne, toutes deux membres de la plateforme de gauche radicale Sumar, qui fait partie de la coalition au pouvoir avec les socialistes.

"C'est une fierté qu'un État qui met en oeuvre un génocide nous interdise l'entrée de son territoire", a répondu sur le réseau Bluesky Yolanda Díaz, l'un des principaux visages de Sumar, qui pousse fréquemment les socialistes à adopter une position plus ferme contre Israël.

Le ministère espagnol des Affaires étrangères a de son côté condamné "l'interdiction d'entrée inacceptable en Israël" des deux ministres, tout en rejetant "catégoriquement les accusations fausses et calomnieuses d'antisémitisme" de la part d'Israël.

"Le gouvernement espagnol ne se laissera pas intimider dans sa défense de la paix, du droit international et des droits humains", a assuré le ministère dans son communiqué.

L'attaque du Hamas du 7 octobre, qui a déclenché la guerre, a causé la mort de 1.219 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont causé au moins 64.300 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, mais dont les données sont jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début du conflit à Gaza, dans un pays où la cause palestinienne a toujours été populaire, en particulier à gauche et à l'extrême gauche, de nombreuses manifestations propalestiennes ont eu lieu.

Ces derniers jours, elles ont tout particulièrement perturbé le déroulement de la Vuelta, le tour d'Espagne cycliste, auquel participe notamment l'équipe Israel-Premier Tech, une structure privée créée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams.

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