Le Soudan du Sud, plus jeune pays du monde, où instabilité et pauvreté sont grandes, n'a jamais reçu aussi peu d'aide internationale depuis sa création en 2011, la moitié de sa population se trouvant désormais en situation de famine, a dénoncé Oxfam mardi.
Devenu indépendant du Soudan il y a quatorze ans, le Soudan du Sud a connu une guerre civile sanglante entre 2013 et 2018, qui a fait au moins 400.000 morts.
Cette année, les craintes d'un nouveau conflit se sont multipliées après l'inculpation en septembre du vice-président pour "crimes contre l'humanité". Riek Machar avait été arrêté en mars par des unités loyalistes au président Salva Kiir.
Les violences agitant le pays depuis lors ont poussé 300.000 Sud-Soudanais à fuir leur pays, estimait l'ONU en octobre, s'ajoutant à plus de deux millions de déplacés internes, selon Oxfam.
Le Soudan du Sud accueille aussi des centaines de milliers de Soudanais fuyant la guerre chez eux.
Les coupes budgétaires des bailleurs traditionnels - notamment des Etats-Unis, le plus grand d'entre eux - ont "privé la population d'une aide humanitaire vitale au moment même où elle en avait le plus besoin", affirme Oxfam dans un communiqué.
En 2025, le Soudan du Sud a reçu "le montant le plus faible jamais versé par les donateurs depuis la création du pays en 2011", déplore l'ONG.
"À seulement un mois de la fin de l'année, le plan (international) d'aide humanitaire d'urgence pour 2025, d'un montant de 1,6 milliard de dollars, est financé à moins de 40 %", poursuit l'ONG.
Faute de services basiques assurés par les autorités, les ressources du pétrole sud-soudanais étant fréquemment détournées par des élites corrompues, "près de 6 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, souffrent de famine au Soudan du Sud et ont difficilement accès à l'eau potable et à des installations sanitaire", un chiffre qui devrait atteindre 7,5 millions de victimes en avril prochain, de même source.
"Nous exhortons les donateurs internationaux à ne pas oublier ce qui se passe au Soudan et les répercussions sur le Soudan du Sud, où des millions de personnes vulnérables pourraient être laissées à elles-mêmes et mourir de faim ou être confrontées à une propagation rapide de maladies si l'aide vitale n'est pas rétablie de toute urgence", a averti Shabnam Baloch, directrice nationale d'Oxfam pour le Soudan du Sud.

