CPI: l'avocate d'un rebelle centrafricain dénonce un dossier vide de preuves

L'avocate d'un rebelle centrafricain jugé pour des crimes de guerre a accusé mercredi le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de vouloir "imposer une fiction" et d'être incapable de fournir des preuves, alors que le procès touche à sa fin.

Mahamat Saïd Abdel Kani est jugé devant la cour de La Haye (Pays-Bas) pour des crimes de guerres et crimes contre l'humanité commis par une coalition de groupes armés en 2013 en Centrafrique.

Ouvert en septembre 2022, le procès se trouve dans sa dernière phase avec les déclarations de clôture des parties devant la CPI, qui prononcera ensuite le jugement en temps voulu.

"En écoutant l'accusation, j'ai entendu qu'elle était prête à dénaturer les propos de témoins, ou tout simplement ignorer ces propos, pour tenter d'imposer une fiction soutenue par aucun élément de preuve", a déclaré Jennifer Naouri, avocate de l'accusé.

"L'accusation avait proclamé au début du procès disposer d'une preuve d'une grande qualité, notamment technique et scientifique", a ajouté Mme Naouri.

"Aujourd'hui, que constate-t-on? Pas de preuve balistique, pas de preuves médico-légales, aucune autopsie, aucune expertise médicale, aucun document médical contemporain aux faits fournis par les témoins, ce qui veut dire qu'il n'y a pas de preuve de blessure", a-t-elle fustigé.

Selon l'accusation, M. Saïd était un haut commandant de la Séléka, coalition de groupes armés rebelles à majorité musulmane en République centrafricaine.

La Séléka a renversé en 2013 l'ancien président François Bozizé, plongeant alors ce pays dans une guerre civile sanglante de quasiment un an, qui opposait la Séléka à des milices majoritairement chrétiennes et animistes soutenant M. Bozizé, les anti-Balaka.

Accusé notamment d'avoir torturé des prisonniers lors de troubles civils en 2013 alors qu'il était responsable d'un poste de police, M. Saïd fait face à sept chefs d'accusation de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis dans la capitale, Bangui, sur des détenus soupçonnés de soutenir M. Bozizé.

Un procureur de la CPI a réaffirmé mardi la responsabilité et la "contribution essentielle" de M. Saïd aux crimes.

Les violences de ce qui est appelé la troisième guerre civile centrafricaine ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon la CPI.

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