Procès Lumbala: un témoin relativise le rôle de l'ex-rebelle dans les crimes en RDC

Un prêtre italien, installé de longue date dans le nord-est de la RDC, a témoigné mardi devant la cour d'assises de Paris des atrocités qui y avaient été commises en 2002-2003, mais a relativisé le rôle qu'avait pu jouer l'accusé, Roger Lumbala.

Celui-ci, ancien chef du groupe rebelle RCD-N, dénie toute légitimité à la justice française pour le juger, et refuse de comparaître à son procès pour complicité de crimes contre l'humanité en République démocratique du Congo (RDC).

Durant l'enquête, Lumbala, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, avait nié toute responsabilité dans les atrocités lors de l'opération "Effacer le tableau" menée par les soldats du RCD-N, avec leurs alliés de l'ALC, alors dirigée par Jean-Pierre Bemba, aujourd'hui ministre des Transports à Kinshasa. Lumbala s'est décrit comme un homme politique n'ayant pas de fonction militaire.

Le père Silvano Ruaro, aujourd'hui âgé de 86 ans, a raconté mardi l'entrée, le 12 octobre 2002, de ces hommes armés à Mambasa, en Ituri (nord-est), et les exactions qui y ont été commises, viols, sévices, exécutions sommaires, tortures et pillage. Arrivé en RDC en 1970, il dirigeait la mission catholique de Mambasa, une institution scolaire qu'il a fondée.

Témoignant à la demande du parquet antiterroriste, compétent pour les crimes contre l'humanité, il s'est souvenu de ces soldats, souvent torses nus, coiffés de bandanas, à l'équipement dépareillé, qui abattaient le bétail "pour s'amuser" et criaient: "Nous sommes les soldats de Bemba." Il a assuré ne pas se souvenir avoir "jamais entendu quelqu'un se réclamer de Lumbala" à Mambasa.

Interrogé par la partie civile sur un communiqué publié à l'époque par sa congrégation et évoquant "les forces de Lumbala et Bemba", le religieux, en retrait par rapport à ses déclarations durant l'enquête, a répondu que "le rôle de Lumbala n'était pas très important". Il était "un allié de Bemba" mais "on ne sentait pas qu'il avait un poids ni politique ni militaire".

Evoquant la mise en cause de Lumbala par de nombreux plaignants, Silvano Ruaro a évoqué la possibilité d'"un conditionnement dans le cadre de l'enquête".

Lundi, un ancien travailleur humanitaire, Hervé Cheuzeville, également présent dans la région au moment des faits, avait également décrit Roger Lumbala comme "un acteur de seconde catégorie", ajoutant que "Jean-Pierre Bemba (avait) joué un rôle certainement plus important".

La justice française a engagé des poursuites contre Roger Lumbala au titre de sa compétence universelle pour juger les crimes contre l'humanité, à condition que soient remplies plusieurs conditions, notamment la résidence en France de l'accusé, ce qui est le cas pour l'ancien rebelle congolais.

Justice Info est sur Bluesky
Comme nous, vous étiez fan de Twitter mais vous êtes déçus par X ? Alors rejoignez-nous sur Bluesky et remettons les compteurs à zéro, de façon plus saine.