L'Assemblée nationale du Venezuela a fait mardi un premier pas vers l'abrogation de la loi d'adhésion du pays au Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI), alors que le pouvoir vénézuélien est visé par une enquête pour des crimes contre l'humanité présumés lors des manifestations de 2017.
Cette initiative survient alors que le gouvernement a accusé lundi la CPI de "se soustraire" à ses responsabilités, après l'annonce par la cour de la fermeture de son bureau à Caracas en raison d'un manque de progrès dans le travail avec les autorités du pays.
La CPI enquête sur le Venezuela pour des crimes contre l'humanité présumés lors des manifestations de 2017, et a ouvert en 2024 un bureau pour travailler avec le gouvernement de gauche du président Nicolas Maduro.
Le procureur adjoint de la CPI, Mame Mandiaye Niang, a annoncé lundi que la CPI avait décidé de fermer son bureau en raison d'un manque de "progrès réel" dans sa collaboration avec Caracas, tout en précisant que l'enquête se poursuivait.
"Le bureau du procureur de la CPI n'a montré aucun engagement ni esprit de coopération", a répondu le gouvernement vénézuélien dans un communiqué.
"Il n'a pas non plus formulé ses contributions et recommandations aux diverses initiatives du Venezuela, se soustrayant de manière irresponsable" à ses responsabilités, poursuit le texte.
"Son objectif dans le pays était très clair : ne rien faire pour ensuite instrumentaliser la justice à des fins politiques", a-t-il accusé.
"Il s'agit de la défense de la souveraineté, de la défense de la nation et de la défense de la justice. Cette cour (CPI) ne va pas supplanter la législation vénézuélienne parce que ce pays est libre, souverain et indépendant", a déclaré le député pro-pouvoir Roy Daza en présentant le projet, qui a été approuvé à l'unanimité.
L'abrogation doit encore être votée en deuxième lecture pour être effective.
Le Venezuela a adhéré au Statut de Rome en 1998 et l'a ratifié comme loi en 2000. L'abrogation de la loi ne se traduit pas immédiatement par la sortie de la CPI: le gouvernement doit notifier par écrit sa décision aux Nations Unies, et la sortie ne prend effet qu'un an après.
En 2018, l'Argentine, la Colombie, le Chili, le Paraguay, le Pérou et le Canada ont déposé une plainte auprès de la CPI contre le Venezuela pour violation présumée des droits humains.
En novembre 2021, le bureau du procureur a ouvert une enquête formelle et signé un accord avec le président Maduro dans lequel le Venezuela s'engageait à garantir que le tribunal puisse travailler correctement dans le pays.
La CPI, créée en 2002, est la seule cour indépendante au monde établie pour enquêter sur les crimes les plus graves, tels que les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité.
Il s'agit d'un tribunal de dernier recours, qui n'intervient que si les pays ne veulent pas ou ne peuvent pas enquêter eux-mêmes. Les Etats-Unis et la Russie n'en font pas partie, ni Israël, la Chine ou la Birmanie.

