Merz arrive en Israël après voir appellé l'Autorité palestinienne à des réformes

Le chancelier allemand Friedrich Merz est arrivé samedi soir à Tel-Aviv pour sa première visite en Israël après avoir appelé le président palestinien Mahmoud Abbas à mettre en oeuvre des "réformes urgemment nécessaires" pour pouvoir "jouer un rôle constructif" dans la bande de Gaza après la guerre.

Arrivant de Jordanie, où il a rencontré à Aqaba (sud) le roi Abdallah II, M. Merz est arrivé à l'aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv peu avant 20h00 (18h00 GMT), où il a été accueilli par le ministre des Affaires étrangères israélien, Gideon Saar, qui a salué en lui "un ami d'Israël" et qualifié l'Allemagne de "partenaire important" de son pays.

Il doit rencontrer dans la soirée à Jérusalem le président israélien Isaac Herzog et dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Sa visite est censée consolider la relation privilégiée entre l'Allemagne et l'Etat hébreu, malgré ses récentes prises de distance en réaction à l'ampleur de la guerre menée par Israël à Gaza ou aux violences de colons juifs extrémistes en Cisjordanie.

Dans la conversation téléphonique qu'il a eue avec M. Abbas avant son départ pour Aqaba, M. Merz a d'ailleurs dénoncé "l'augmentation massive de la violence des colons contre les civils palestiniens" en Cisjordanie occupée, a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand Stefan Kornelius.

Il a aussi salué "l'attitude coopérative" de l'Autorité palestinienne vis-à-vis du plan de paix de Donald Trump et réitéré le soutien de Berlin à une solution à deux Etats, selon la même source.

Lors d'une brève escale samedi à Aqaba, M. Merz a appelé à ce que plus d'aide humanitaire soit acheminée à Gaza et à ce que les combattants du Hamas déposent les armes.

- "Avenir commun" -

La Jordanie et l'Allemagne sont toutes deux attachées à une solution négociée à deux Etats, a-t-il ajouté. "Il ne peut y avoir de place pour le terrorisme et l'antisémitisme dans cet avenir commun", a-t-il ajouté.

Selon un communiqué du palais royal, le roi Abdallah a pour sa part souligné "la nécessité de s'engager à mettre en oeuvre toutes les étapes de l'accord pour mettre fin à la guerre et fournir une aide humanitaire à toutes les zones de la bande de Gaza" et mis en garde contre la poursuite de "l'escalade (des violences) israéliennes en Cisjordanie", territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Dimanche matin, M. Merz évoquera avec Benjamin Netanyahu les efforts pour aboutir à une deuxième phase du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, près de deux mois après son entrée en vigueur.

Un événement notable vu l'isolement international du Premier ministre israélien.

"La relation germano-israélienne est intacte, étroite, empreinte de confiance", a affirmé vendredi Sebastian Hille, un porte-parole du chancelier.

En raison de sa responsabilité historique dans la Shoah, l'Allemagne est l'un des plus grands soutiens d'Israël. Dimanche, M. Merz doit aussi aller au mémorial Yad Vashem pour honorer la mémoire des victimes juives des nazis.

Mais, ces derniers mois, le ton de Berlin à l'égard d'Israël s'est durci à mesure que la situation humanitaire dans la bande de Gaza se détériorait de manière dramatique.

En août, M. Merz avait provoqué un petit séisme politique en décrétant un embargo partiel sur les exportations d'armes de son pays vers Israël, face à l'intensification des opérations israéliennes dans ce territoire palestinien.

La trêve dans la bande de Gaza a permis à l'Allemagne de lever cette sanction fin novembre.

L'"importance particulière" des relations entre l'Allemagne et Israël "n'exclut pas de pouvoir également critiquer certains aspects" de la politique de M. Netanyahu, a souligné le porte-parole de M. Merz.

Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas reste très fragile, les deux camps s'accusant de façon quasi-quotidienne de le violer, ce qui augure mal de la réalisation du plan du président américain pour mettre fin à la guerre.

Celle-ci a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas, le 7 octobre 2023, la journée la plus meurtrière qu'ait connue Israël, dont les représailles militaires sur la bande de Gaza ont fait des dizaines de milliers de morts.

- "Grandes attentes" -

Sur un tout autre terrain, la décision d'inclure Israël dans la prochaine édition de l'Eurovision, prise jeudi, a été chaleureusement accueillie en Allemagne, alors qu'elle a entraîné un boycott de la part d'autres pays.

Immédiatement après sa victoire aux législatives, fin février, Friedrich Merz avait assuré que Benjamin Netanyahu pourrait effectuer un déplacement en Allemagne malgré le mandat d'arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerres et contre l'humanité dans la bande de Gaza.

Mais ce n'est "pas un sujet pour le moment", a récemment souligné la chancellerie.

Désormais, Benjamin Netanyahu a de "grandes attentes" et espère un "signal de soutien continu" de Berlin, a dit à l'AFP Michael Rimmel, le directeur à Jérusalem de la Fondation Konrad-Adenauer, étroitement affiliée aux chrétiens-démocrates (CDU) de M. Merz.

Même si les appels sans effet de Berlin ces derniers mois contrastent avec la "plus grande influence" de Donald Trump, note-t-il.

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