Les Serbes de Bosnie ont décidé vendredi d'organiser en septembre un référendum sur la date de la fête nationale, que la Cour constitutionnelle de la Bosnie a demandé de modifier pour respecter les autres communautés.
Cette décision, votée par 64 des 83 élus du parlement de l'entité serbe, risque d'attiser les tensions intercommunautaires dans ce pays ethniquement divisé, où la publication des résultats d'un recensement de la population a déjà ranimé de vieilles querelles.
"Cette question n'est pas uniquement une question sur la journée de la République, c'est une question essentielle pour toutes nos relations et de nos actions à l'avenir", a déclaré le président de la Republika Srpska (l'entité serbe), Milorad Dodik, en s'adressant aux élus avant le vote.
M. Dodik a par le passé régulièrement menacé d'organiser un référendum sur l'indépendance de l'entité serbe et sur la justice centrale du pays, chargée de la criminalité organisée, des crimes de guerre et du terrorisme.
La question qui sera posée au référendum du 25 septembre est: "Approuvez-vous que la journée de la Republika Srpska soit marquée et célébrée le 9 janvier?".
Il s'agit de la date de la proclamation en 1992 d'une "République du peuple serbe", trois mois avant le conflit intercommunautaire bosnien (1992-95) qui a fait 100.000 morts. Cette date a été contestée auprès de la Cour constitutionnelle de Bosnie par le dirigeant politique des Bosniaques (musulmans) Bakir Izetbegovic.
La cour lui a donné raison en demandant, en décembre 2015, à la Republika Srpska de choisir une autre date pour sa Fête nationale, qui soit acceptable pour les Croates et les Bosniaques aussi. Une décision aussitôt rejetée par tous les partis politiques serbes.
"La Republika Srpska doit être acceptée par tous ses citoyens, pas uniquement les Serbes", avait alors déclaré M. Izetbegovic, qui est membre bosniaque de la présidence collégiale du pays.
Ancienne république yougoslave, indépendante depuis 1992, la Bosnie a été divisée par l'accord de paix de Dayton (Etats-Unis) en deux entités, une serbe et l'autre croato-musulmane, reliées par un faible gouvernement central.