Croatie: jugé pour crime de guerre, "Capitaine Dragan" se présente comme "défenseur" de la Yougoslavie

Paramilitaire serbe reconverti en professeur de golf, Dragan Vasiljkovic, dit "Capitaine Dragan", réfute avoir été un criminel de guerre en Croatie, se présentant mardi à l'ouverture de son procès comme un "défenseur de (sa) patrie, la Yougoslavie".

"Je me perçois comme un défenseur de ma patrie, la Yougoslavie, j'estime insultant d'être traité d'agresseur", a déclaré Vasiljkovic, 61 ans, devant un tribunal de Split (Croatie, sur les rives de l'Adriatique).

Il a martelé qu'il ne se sentait "absolument pas coupable" de crimes de guerre lors du conflit de 1991-95.

Serbe né à Belgrade, "Capitaine Dragan" commandait une unité paramilitaire serbe en charge des "opérations spéciales" dans le sud et le centre de la Croatie. Il est notamment accusé d'avoir ordonné des assassinats de prisonniers, des tortures, des détentions arbitraires...

La déclaration d'indépendance en 1991 de la Croatie avait déclenché un conflit avec des forces rebelles serbes, soutenues par Belgrade. Vingt mille personnes ont péri.

Vêtu d'un costume sombre et d'une cravate grise, Dragan Vasiljkovic est entré menotté dans le tribunal, visage pâle, esquissant un bref sourire.

Il doit notamment répondre d'avoir ordonné, en 1993, la torture et les assassinats de deux soldats croates prisonniers à Bruska (sud).

Il a aussi été inculpé en janvier pour la torture de civils et de policiers croates à Knin (sud), alors bastion des forces indépendantistes serbes. Des prisonniers battus "à mains nues et à coups de pied, avec des nerfs de boeufs", ou auxquels ont été enfoncés "des pistolets dans la bouche", selon l'accusation.

Vasiljkovic n'a "rien fait pour éviter ou sanctionner de tels crimes" en 1991, et y a même parfois participé, selon le procureur.

Pour le parquet, "Capitaine Dragan" est le chef d'orchestre d'une attaque meurtrière à Glina (centre) en juillet 1991. Un civil croate et un journaliste allemand avaient été tués.

Il aurait ordonné de tirer "sur des habitations civiles depuis des chars, par mortiers, depuis des véhicules blindés, avec des snipers". Il est aussi soupçonné d'avoir ordonné de tirer sur "une église et une école de Gornji Vidusevac".

Le procès se poursuivra le mois prochain avec les premiers témoins.

Après la guerre, Vasiljkovic était retourné en Serbie avant d'émigrer en Australie où il s'est reconverti en professeur de golf. Il y avait été arrêté en 2006. La Croatie a obtenu son extradition en juillet 2015.

Les avocats de Vasiljkovic ont porté plainte contre la Croatie et l'Australie auprès du Conseil pour les droits de l'Homme des Nations Unies, dénonçant "l'illégalité" de la durée de sa détention, dix ans. Ils demandent que leur client, cardiaque, comparaissent libre.

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