Des dizaines de milliers de Croates ont commémoré vendredi le martyre de Vukovar (est) et la prise de cette ville, il y a 25 ans, par les Serbes, au début de la guerre d'indépendance (1991-95).
Pendant trois mois de siège, cette petite ville sur le Danube avait été pratiquement rasée par des bombardements de l'artillerie de l'armée yougoslave (JNA) et des paramilitaires serbes. Ils avaient lancé l'attaque deux mois après la proclamation par la Croatie de son indépendance en juin 1991.
La ville était tombée le 18 novembre 1991. Plus de 1.600 personnes, dont 1.100 civils, ont été tuées pendant le siège et quelque 22.000 habitants expulsés après la prise de la ville par les forces serbes. Plus de 290 personnes sont toujours portées disparues.
Vingt-cinq ans après, les relations entre les communautés serbe et croate restent tendues dans cette ville toujours très divisée.
Et cette guerre continue d'empoisonner les relations entre la Croatie et la Serbie, où les accusations mutuelles de crimes de guerre sont récurrentes, dans la presse comme parmi la classe politique.
Les dirigeants des Serbes de Croatie, qui représentent 35% des 28.000 habitants de Vukovar, n'ont pas participé aux commémorations. Ils ont également été irrités par la nomination jeudi de l'ancien général croate Ante Gotovina comme conseiller au ministère croate de la Défense.
Jugé pour crimes de guerre contre des Serbes de Croatie, Ante Gotovina a été acquitté en 2012 par la justice internationale, dans un procès en appel, après avoir été reconnu coupable et condamné en première instance à 24 ans de prison.
"Je ne souhaite pas détruire nos relations, les relations entre les deux gouvernements et entre les deux pays. Mais je peux dire que nous avons compris leur message", a froidement commenté vendredi le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic.
Après une cérémonie devant l'hôpital de Vukovar, un des symboles de la résistance, près de 100.000 personnes, selon la télévision publique (HRT), dont des dirigeants du pays et des vétérans de l'ensemble du pays, ont marché dans le silence vers un cimetière à l'extérieur de la ville, où une messe pour les victimes a été célébrée.
Deux anciens officiers de la JNA, Veselin Sljivancanin et Mile Mrksic (décédé), ont été condamnés par la justice internationale, respectivement à 10 et à 20 ans de prison, pour les crimes de guerre commis à Vukovar.