Un procès "pas équitable", "déséquilibré": la défense a demandé vendredi à la cour de prendre en compte la parole du Rwandais Pascal Simbikangwa, jugé en appel en lien avec le génocide de 1994, estimant qu'elle n'avait pas été écoutée "comme celle d'un innocent".
Pascal Simbikangwa est jugé depuis le 25 octobre à Bobigny par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis pour "complicité de génocide" et "complicité de crimes contre l'humanité".
Jeudi, le ministère public a demandé à la cour de le déclarer coupable de "crime de génocide" et "complicité de crimes contre l'humanité", et requis 25 ans de réclusion criminelle, la même peine que celle infligée en première instance en 2014.
"Dans cette cour, j'ai eu le sentiment que pas un instant la parole de Pascal Simbikangwa n'avait été écoutée comme celle d'un innocent", a regretté Alexandra Bourgeot, son avocate.
Avant le début des plaidoiries, Pascal Simbikangwa plaisante avec ses conseils, Mes Bourgeot et Fabrice Epstein : "On va +fillonner+", glisse-t-il, en référence à la victoire inattendue de François Fillon à la primaire de la droite.
L'ancien capitaine de la garde présidentielle de Juvénal Habyarimana, reconverti dans la police politique après un accident qui l'a cloué dans un fauteuil en 1986, est accusé d'avoir organisé des barrages routiers au passage desquels étaient filtrés et assassinés des Tutsi à Kigali, et d'avoir livré armes, instructions et encouragements aux miliciens qui les tenaient.
Il clame son innocence, dénonçant un dossier "monté de toutes pièces".
Me Bourgeot a enjoint la cour d'"envisager" que Simbikangwa ait utilisé le "petit pouvoir" qui lui restait après son accident "pour sauver des gens" et non pour participer aux massacres.
"On ne se contente pas de vous dire que les témoins sont faux, approximatifs, ou qu'ils mentent, on vous en apporte la preuve", a également dit Me Bourgeot.
Les plaidoiries de la défense se poursuivaient vendredi. Verdict attendu samedi.
