Après quatre ans de procédures, le procès de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, autrefois surnommé le "boucher des Balkans", entre lundi dans sa dernière semaine avec le réquisitoire et les plaidoiries.
Ratko Mladic, 74 ans, est accusé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye d'avoir entrepris le "nettoyage ethnique" d'une partie de la Bosnie, en vue de créer un État serbe ethniquement pur.
Il doit répondre de 11 chefs d'accusation de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis lors de la guerre de Bosnie (1992-1995), qui a fait plus de 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés.
L'accusation aura trois jours à partir de lundi pour prononcer son réquisitoire avant de laisser la parole vendredi à la défense pour sa plaidoirie, qui viendra clôturer des procédures entamées en 2012. Un jugement est attendu courant 2017.
Après avoir échappé pendant seize ans à la justice internationale, Ratko Mladic avait été arrêté dans la maison d'un membre de sa famille en Serbie, le 26 mai 2011.
Inculpé en juillet 1995, il avait d'abord vécu des années au grand jour, avant de se cacher en 2000, quand le président serbe Slobodan Milosevic a été écarté du pouvoir.
Ratko Mladic doit notamment répondre du siège de Sarajevo, long de 44 mois et au cours duquel 10.000 civils avaient été tués, fauchés par des tirs de mortiers effectués des hauteurs qui entourent la ville ou cibles de tirs de snipers.
Poursuivi pour la prise en otage de personnel des Nations unies, Ratko Mladic avait un jour assuré: "Les frontières sont toujours tracées dans le sang et les Etats marqués avec des tombes".
M. Mladic est également poursuivi pour le massacre de près de 8.000 hommes et garçons musulmans en juillet 1995 à Srebrenica, le pire massacre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Munira Subasic, la présidente de l'association des mères de Srebrenica, a déclaré à l'AFP espérer que Ratko Mladic se verra à terme condamné à la prison à perpétuité.
- 950 motions -
L'alter ego politique de M. Mladic, Radovan Karadzic, s'était vu condamner récemment à 40 ans de détention, notamment pour le génocide de Srebrenica.
"Ceux qui pensent encore que Karadzic et Mladic sont des héros auraient peut-être parlé différemment aujourd'hui s'ils avaient été condamnés très vite après la guerre", a néanmoins regretté Mme Subasic.
Beaucoup de personnes en Serbie dénoncent les audiences du TPIY comme un "procès politique".
M. Mladic "n'a pas beaucoup de confiance en ce tribunal, il n'a pas de grands espoirs", a assuré à l'AFP son avocat, Branko Lukic.
"Il pense que si les juges fondent leur décision sur les faits, il sera acquitté, mais que si c'est un procès politique, il sera condamné", a-t-il ajouté.
Ratko Mladic est apparu éprouvé en salle d'audience ces dernières années. Bien que sa santé se soit améliorée depuis son arrivée à La Haye, il a subi trois accidents vasculaires cérébraux qui l'ont laissé sujet à des sautes d'humeur, déclare M. Lukic.
Le procès contre Ratko Mladic est le dernier pour le TPIY, créé au coeur de la guerre en 1993 par les Nations unies pour traduire devant la justice les auteurs des pires atrocités commises pendant les conflits qui déchirèrent l'ex-Yougoslavie.
Pendant les procédures, la défense de Ratko Mladic a bombardé les juges avec plus de 950 motions, allant jusqu'à demander l'annulation du procès ou encore la récusation d'un juge. La plupart de ces motions ont été rejetées.