Réfugié irakien soupçonné d'avoir appartenu à l'EI: le gouvernement défend son action

"Extrêmement rapide": le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur ont devancé d'éventuelles critiques vendredi en louant le travail des services de renseignement qui a abouti à l'arrestation en mars d'un réfugié politique irakien soupçonné d'avoir été un cadre du groupe Etat islamique.

"Les services ont fait, je crois, leur travail de manière extrêmement rapide", a commenté Gérard Collomb. "Nous le suivions avec la DGSI dès le mois suivant" l'acceptation de sa demande d'asile, a-t-il souligné en marge d'un déplacement à Périgueux (Dordogne).

Le suspect, Ahmed H., 33 ans, "n'a jamais cessé d'être suivi par nos services de renseignement depuis cette période", a-t-il ajouté.

"Je peux vous dire que dès que des signalements nous ont été transmis sur cet individu, il a fait l'objet d'une surveillance, puis d'une interpellation", a ensuite déclaré le Premier ministre Edouard Philippe au sortir d'une réunion du groupement d'évaluation départemental sur la radicalisation à Toulouse.

"Dès lors que les mesures ont été prises, l'Ofpra a engagé une procédure permettant de revenir sur le statut de réfugié qui lui a été octroyé", a-t-il ajouté.

Arrivé en France à l'été 2016, Ahmed H. avait obtenu l'asile politique en juin 2017 de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), lui octroyant ainsi une carte de résident de dix ans, avait-on appris jeudi de source proche du dossier.

Interpellé le 6 mars dans le Calvados, il a été mis en examen trois jours plus tard à Paris, soupçonné notamment d'avoir participé au massacre de Speicher, du nom d'une base militaire située près de Tikrit, au nord de Bagdad.

A l'époque, en juin 2014, alors que l'EI s'emparait de pans entiers du territoire irakien, des hommes armés avaient enlevé des centaines de jeunes recrues de l'armée irakienne, des chiites pour la plupart, qu'ils avaient exécutées un à un. Ce massacre aurait fait jusqu'à 1.700 morts.

Interrogé par l'AFP, le directeur de l'Ofpra, Pascal Brice, a indiqué que tout demandeur d'asile "passe d'abord en préfecture". "S'il dépose un dossier à l'Ofpra, pour toute une série de nationalités identifiées où il existe un risque, nous faisons revérifier par le ministère de l'Intérieur".

L'Irak figure parmi ces pays, a souligné M. Brice, qui n'a pas souhaité donner plus de détails sur le nombre d'Etats concernés, le type de risques ou le cas particulier d'Ahmed H.

"L'Ofpra a son expertise", a-t-il ajouté, évoquant notamment le fait que l'Office se penche sur l'origine du demandeur d'asile et son passé et fait preuve, pour les pays où un "risque" existe, d'une "vigilance renforcée".

- "Criblage et +rétrocriblage+" -

Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP la chronologie avancée par M. Collomb. Selon elle, la DGSI a obtenu à l'été 2017 une information indiquant qu'Ahmed H., suspecté d'avoir été membre de l'EI, pourrait avoir trouvé refuge en France en profitant de la crise migratoire.

Dès lors, le renseignement intérieur a procédé à un suivi très resserré et les renseignements obtenus ont permis d'ouvrir en septembre 2017 une enquête judiciaire, a poursuivi cette source.

L'enquête a débouché sur son interpellation et son placement en garde à vue. Ahmed H. a ensuite été mis en examen pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste, association de malfaiteurs, crimes de guerre et traitements inhumains et dégradants.

L'asile politique lui a été retiré dans la foulée de son incarcération.

"Nous essayons de cribler toutes les personnes qui peuvent demander l'asile et nous renforçons d'ailleurs ce dispositif", a également indiqué Gérard Collomb, en référence à l'article 4 du projet de loi asile-immigration qui sera examiné au Sénat du 19 au 22 juin.

Dans cet article, "nous renforçons à la fois le criblage et le +rétrocriblage+ de l'ensemble des personnes qui ont pu à un moment donné demander l'asile ou le demandent", a-t-il précisé.

Selon le ministère de l'Intérieur, 15 réfugiés ont été privés de leur statut en 2017 comme Ahmed H. en raison de menaces pour l'ordre public, contre 18 en 2016.

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