Un Serbe de Bosnie extradé en 2018 par la France a été condamné mercredi à 20 ans de prison pour crimes de guerre par un tribunal de Sarajevo, pour son implication dans un massacre de plusieurs dizaines de civils au début de la guerre en Bosnie (1992-95).
Il s'agit de la peine la plus lourde que la justice bosnienne peut prononcer pour des crimes de guerre.
Radomir Susnjar, 64 ans, a été reconnu coupable d'avoir participé à un massacre dans lequel plus de cinquante civils, notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées, tous des Bosniaques (musulmans) de Visegrad (est), ont été tués le 14 juin 1992.
Il "a commis un crime contre la population civile et ce tribunal le condamne à une peine de 20 ans de prison", a annoncé la juge Enida Hadziomerovic.
Il s'agit de l'un des pires massacres du conflit intercommunautaire bosnien qui avait fait au total 100.000 morts. Des civils avaient été enfermés dans une maison qui a ensuite été "incendiée par un engin explosif", a raconté la juge.
Des paramilitaires ont ensuite "tiré des rafales avec des fusils automatiques dans la direction de la maison, pour empêcher des gens de fuir", a-t-elle expliqué.
Plusieurs personnes ont survécu à ce massacre et ont pu témoigner.
Pour le même crime, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), qui siégeait à la Haye, avait condamné en appel en 2012 deux cousins, Milan et Sredoje Lukic, membres du groupe paramilitaire serbe des "Beli Orlovi" (Les aigles blancs). Ils avaient écopé respectivement de la prison à vie et de 27 ans de réclusion.
-les victimes jamais retrouvées-
Selon la chambre d'appel du TPIY, 53 personnes ont été tuées dans la maison incendiée. Dans le verdict de première instance des Lukic, 59 victimes avaient été évoquées.
La juge Enida Hadziomerovic a lu les noms de 26 victimes, essentiellement des femmes et des enfants, dont un bébé de deux jours et sa mère de 18 ans, dont la mort est imputée à Radomir Susnjar.
"C'est parce que des proches (de certaines victimes) n'ont pas apporté de certificat de décès (au tribunal) (qu,ils) ne les ont toujours pas déclarés morts. Par ailleurs, il y a eu des familles dont tous les membres ont été tués", a expliqué à la presse Bakira Hasecic, présidente d'une association de victimes de Visegrad.
Les restes de ces victimes n'ont jamais été retrouvés, selon la juge.
"J'espère que Lalco (surnom de Susnjar) réfléchira avant le jugement en appel et qu'il dira où se trouvent des ossements de ses voisins", a ajouté Bakira Hasecic.
Installé en France après la guerre intercommunautaire de Bosnie, Radomir Susnjar avait été une première fois interpellé en 2014, puis libéré sous contrôle judiciaire. Il avait de nouveau été interpellé en juin 2018 en région parisienne et extradé vers la Bosnie.
Il avait contesté devant la justice française avoir pris part à ces exactions, en invoquant une confusion avec un homme portant le même patronyme, Milan Susnjar.
Entre avril et juin 1992, les forces serbes de Bosnie ont tué à Visegrad et dans ses alentours plus de 1.500 civils, selon l'Institut bosnien pour les personnes disparues.