De retour en Centrafrique, l'ex-président Bozizé acclamé par ses partisans à Bangui

Un retour triomphal et longtemps attendu par ses soutiens: six ans après avoir été renversé, et six jours après son retour en catimini dans la capitale centrafricaine, l'ancien président François Bozizé est apparu samedi devant ses partisans à Bangui.

Plusieurs milliers d'entre eux s'étaient massés sur un terrain du quartier Boeing, dans les faubourgs ouest de la capitale, pour apercevoir le président déchu, parti en exil depuis 2013.

Vêtus de t-shirts, foulards et drapeaux orange vifs, les couleurs du parti de François Bozizé, ses supporters ont attendu plusieurs heures sous le soleil pour apercevoir leur champion.

Jusqu'au dernier moment, le doute a plané sur la venue de l'ancien président, arrivé très discrètement dimanche à Bangui, et dont la présence réelle sur le sol centrafricain avait été annoncée par les cadres de son parti, le KNK, mais contestée par certains de ses adversaires politiques.

Des doutes balayés en quelques instants par une marée de supporters en délire, qui ont fondu sur le cortège de François Bozizé dans une indescriptible cohue dès son arrivée sur le terrain. Aux cris de "Il est revenu ! Il est revenu", des centaines de personnes se sont alors massées autour du van blanc qui transportait l'ex-président, dans un bourdon de vuvuzelas.

Et malgré les coups de bâton distribués à qui mieux mieux par un service d'ordre complètement dépassé par cette ferveur, le cortège de François Bozizé a été bloqué pendant de longues minutes aux abords du terrain. L'ancien président s'est finalement extirpé de son véhicule pour monter à l'arrière d'un pickup, sous les vivats de ses supporters enfiévrés.

Parmi eux, Philémon, ruisselant de sueur après avoir durement bataillé pour s'approcher de son héros: "On a eu beaucoup de difficultés, mais maintenant, on sait qu'il va assurer la sécurité dans notre pays ! On est là pour prendre le pouvoir ! ".

- Un an avant la présidentielle -

Mais l'ex-général, rentré juste à temps dans son pays pour pouvoir déposer une candidature à l'élection présidentielle de 2020, est resté vague sur ses intentions politiques.

Après une courte allocution dans des haut-parleurs grésillants, complètement noyée sous la clameur de ses supporters, M. Bozizé est rentré dans son véhicule en déclinant tout commentaire à la presse.

Son cortège a ensuite remonté les rues du 5ème arrondissement de Bangui, acclamé par des centaines d'habitants le long de la route.

Dans d'autres quartiers de la ville, l'ambiance était plus morose: président de la République centrafricaine de 2003 à 2013, François Bozizé compte encore nombre d'ennemis. En 2003, le général Bozizé avait fait appel à des mercenaires tchadiens et soudanais pour accéder au pouvoir par un coup d'Etat contre le président Ange Félix Patassé.

Une année plus tard, le pays avait plongé dans une première guerre civile opposant les partisans de François Bozizé, les troupes restées fidèles au président Patassé, et des groupes rebelles issus du nord-est du pays, majoritairement peuplé de musulmans.

En 2013, après des années d'instabilité politique et d'accord de paix infructueux, une coalition de mouvements rebelles avaient fondu sur la capitale et contraint le général à un exil au Cameroun, puis en Ouganda.

François Bozizé est toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt international lancé par la Centrafrique en 2013 pour "crimes contre l'humanité et incitation au génocide". L'ancien président est également sous sanctions des Nations unies pour son rôle dans la crise centrafricaine de 2013, marquée par de sanglants affrontements communautaires entre la Séléka et les milices anti-balaka, apparues pour soutenir le président déchu.

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