10.11.2003 - TPIR/MILITAIRES I - MME UWILINGIYIMANA AURAIT ETE ASSASSINEE PAR DES SOLDATS DU BATAILL

Arusha, le 10 novembre 2003 (FH) - Un témoin du parquet entendu lundi par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a imputé l'assassinat de lex-premier ministre rwandais, Agathe Uwilingiyimana, le 7 avril 1994, aux soldats du bataillon de reconnaissance, une des unités D'élite des ex-Forces armées rwandaises (FAR). Le vingt-troisième témoin de l'accusation, dénommé "DAK" pour des raisons de sécurité, dépose depuis vendredi dernier dans le procès de quatre officiers des FAR, communément appelé "Militaires I" au TPIR.

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En 1994, le témoin était caporal au sein des FAR. Il appartenait au bataillon de reconnaissance stationné à Kigali.

l'ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, un des accusés dans ce procès, est notamment poursuivi pour assassinat de Mme Uwilingiyimana.

Le commandant du bataillon de reconnaissance, le major François-Xavier Nzuwonemeye, ainsi que son adjoint, le capitaine Innocent Sagahutu, sont également détenus à Arusha. Ils sont co-accusés avec deux autres officiers, les généraux Augustin Ndindiliyimana et Augustin Bizimungu, dans le cadre D'une autre affaire, connue sous l'appelation "Militaires II".

Selon ses dires, le 7 avril 1994, le témoin DAK se serait rendu auprès des militaires en faction à Radio Rwanda et à la présidence de la République porteur D'un message D'Innocent Sagahutu leur enjoignant D'interdire au premier ministre D'accéder aux bâtiments de la radio. Mme Uwilingiyimana projetait de faire enregistrer une déclaration.

Agathe Uwilingiyimana a été assassinée dans la matinée du 7 avril 1994, ainsi que dix casques bleus belges membres de son escorte.

M DAK a affirmé qu'elle a été tuée par des soldats du bataillon de reconnaissance et des membres de la garde présidentielle.

En contre-interrogeant DAK, le co-conseil canadien de Théoneste Bagosora, Me Paul Skolnik, a fait valoir que "Sagahutu navait pas autorité pour donner des ordres à la garde présidentielle".

l'avocat canadien a ensuite mis au défi le témoin de préciser lidentité des chefs de postes destinataires du message émanant de Sagahutu. "Dans l'armée, c'est le titre qui compte", a répondu le témoin.

Me Skolnik a en outre estimé qu'il serait étrange quun message "aussi important", destiné aux officiers, soit confié à un caporal.

Le parquet allègue que depuis le déclenchement du génocide anti-tutsi dans le nuit du 6 avril 1994, consécutivement à l'attentat qui a coûté la vie au président Juvénal Habyarimana, Théoneste Bagosora a refusé dassocier le premier ministre Uwilingiyimana à la gestion de la crise.

"Le colonel Bagosora s'est opposé à toute consultation de cette dernière, ne lui reconnaissant plus aucun pouvoir", selon l'acte daccusation.

Théoneste Bagosora est jugé conjointement avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze. Tous plaident non coupable aux accusations de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre portés contre eux.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

Le parquet a D'ores et déjà entamé l'interrogatoire de son vingt-quatrième témoin. Dénommé "HP", pour sa sécurité, sa déposition se poursuivra mardi.

GA/AT/GF/FH (ML1110A)