L'Ukraine est confrontée lundi dans l'est de son territoire à une lente progression des forces russes, en supériorité numérique et mieux dotées en armements lourds, au 68e jour d'une guerre un rien figée sur ses positions.
L'armée russe grignote du terrain en cherchant à prendre en étau son adversaire depuis le nord et le sud, afin de compléter son emprise sur le bassin minier du Donbass.
Mais selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), "les forces russes ont continué de mener des assauts infructueux au sol, le long de la ligne de front Donetsk-Lougansk, et n'ont pas enregistré de gains territoriaux substantiels le 1er mai".
Voici un point de la situation, à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
- L'Est -
"Les forces ukrainiennes ont conduit une frappe à l'artillerie sur un poste de commande russe à Izioum", au sud-est de Kharkiv, "le 30 avril", selon l'ISW.
Les Russes poursuivent de leur côté des "avancées marginales" vers la ville de Lyman", dans la région de Donetsk, "mais sont bloqués par leurs adversaires "sur la ligne de front d'avant le 24 février", date du début de l'invasion russe en Ukraine.
- Le Sud -
Les autorités ukrainiennes prévoient de nouvelles évacuations d'habitants de Marioupol lundi, après une première opération qui a sorti une centaine de civils de l'usine Azovstal, assiégée par les forces russes dans ce port stratégique sur la mer d'Azov.
Ces civils étaient attendus lundi à Zaporijjia, ville située à quelque 200 km au nord-ouest de Marioupol et toujours sous contrôle ukrainien, même si la ligne de front s'en rapproche.
Kiev a affirmé lundi avoir détruit deux patrouilleurs russes, près de l'île aux Serpents, en mer Noire, devenue symbole de la résistance ukrainienne depuis le début de l'invasion.
Les patrouilleurs russes de classe Raptor font partie des navettes les plus rapides de la marine russe, pouvant atteindre près de 90 km/h à pleine vitesse.
Moscou n'a pas confirmé l'information.
- Bilan humain -
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles de l'invasion russe contre l'Ukraine. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé de 20.000 morts dans les combats et les privations liées au blocus.
Les enquêteurs ukrainiens affirment de leur côté avoir identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre depuis le début de l'invasion russe.
Selon un bilan du ministère ukrainien de la Défense publié samedi, l'armée russe a perdu 23.000 hommes, 190 avions et 1.000 chars depuis le début de son offensive.
Le Kremlin a récemment admis des "pertes importantes", sans donner de chiffres. Le 25 mars, il avait reconnu la mort de 1.351 soldats pour 8.825 blessés. Certaines sources occidentales font état de jusqu'à 12.000 soldats russes tués.
Côté ukrainien, le président Zelensky a déclaré qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués depuis le début du conflit et quelque 10.000 blessés.
Aucun chiffre véritablement indépendant n'est disponible.
Selon le ministère britannique de la défense, Moscou a engagé dans la guerre 120 bataillons tactiques dans ce conflit, soit 65% de sa capacité totale au sol. Un quart de ces bataillons seraient aujourd'hui inaptes au combat.
- Déplacés et réfugiés -
Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'Onu (HCR), plus de 5,4 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays. Les femmes et les enfants représentent 90% de ces réfugiés, les hommes de 18 à 60 ans, susceptibles d'être mobilisés, n'ayant pas le droit de partir.
Plus de 7,7 millions de personnes ont quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Quelque 8,3 millions de personnes pourraient fuir le pays cette année, selon des estimations de l'Onu publiées la semaine passée.

