19.03.09 - TPIR/NSHOGOZA - UN TEMOIN RECONNAIT AVOIR RECU DE PETITES SOMMES D'ARGENT DE L'ACCUSE

Arusha, 19 mars 2009 (FH) -  Une rescapée du génocide a reconnu jeudi, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), avoir reçu en 2005 des frais d'entretien pour sa famille des mains de Léonidas Nshogoza, un avocat rwandais accusé de subornation de témoins.

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Désignée pour son témoignage par le nom de code A7, la dame a expliqué qu'elle avait reçu du défenseur rwandais la somme de 10.000 francs rwandais (environ 20 dollars) à la veille de son départ pour le siège du TPIR, à Arusha (Tanzanie), en mai 2005.

A son arrivée devant le tribunal, elle avait pris la défense de l'ex-ministre de l'Enseignement primaire et secondaire, Jean de Dieu Kamuhanda, qu'elle avait pourtant, dans une déclaration écrite antérieure, présenté comme le principal instigateur du génocide à Gikomero, près de la ville de Kigali.

« Nshogoza m'a donné de l'argent à laisser à la maison pour ma famille », a reconnu A7 qui était contre interrogée par Abdoulaye Seye, du bureau du procureur.

Elle a indiqué que l'accusé avait donné le même montant à un autre témoin, GAA, qui s'était également rétracté en faveur de l'ex-ministre condamné définitivement à la prison à vie, malgré ces deux volte- faces.

GAA  qui a été, le mois dernier, le principal témoin à charge dans le procès de Nshogoza, a déjà été condamné par le TPIR pour faux témoignage.

Mme A7 a ensuite reconnu qu'en plus de l'argent donné par l'accusé et qui n'a jamais été remboursé, elle et GAA avaient également reçu de la Section d'appui aux témoins et victimes, un service du TPIR, une avance sur leurs indemnités journalières.

Le reste leur a été versé à la fin de leur témoignage.

Par ailleurs, à chacune de leurs rencontres à Kigali, Nshogoza leur payait à boire et à manger et leur donnait, à chacun, 5.000 francs (environ 10 dollars) en guise de frais de voyage.

Elle a cependant nié énergiquement que l'argent reçu de Nshogoza ait été à l'origine de sa rétractation en faveur de Kamuhanda.

« Je suis en train de dire la vérité, personne ne m'a persuadée de revenir sur ma déclaration, si n'est Dieu qui m'a sauvée », a vivement protesté A7 qui déposait en kinyarwanda, sa langue maternelle.

Me Seye lui a alors suggéré qu'elle était devenue riche après avoir fait la connaissance de Nshogoza.

« Cette question me fait mal au cœur, je ne vis pas de la générosité de Kamuhanda et Nshogoza », a-t-elle répondu, tout en pleurs.

Elle a affirmé à plusieurs reprises que c'est après sa conversion à une secte chrétienne qu'elle avait décidé de dire la vérité.

Comme elle l'avait déclaré lors du procès en appel de Kamuhanda, elle a répété que l'ex-ministre n'était pas arrivé à la paroisse de Gikomero le 12 avril 1994, date des massacres pour lesquels l'ancien dignitaire a été condamné.

A7, deuxième témoin de la défense de Nshogoza, a ajouté que sa « nouvelle naissance » l'avait poussée à défendre non seulement Kamuhanda mais aussi six autres personnes qui ont été jugées et acquittées au Rwanda.

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