Agriculteur converti au commerce, Munyakazi, 74 ans, est la plus âgée des personnes actuellement détenues par le TPIR. Poursuivi pour génocide, ou, alternativement complicité de génocide, et extermination, il plaide non coupable.
Dans sa déclaration liminaire, Richard Karegyesa, du bureau du procureur, a souligné « la participation active » du septuagénaire aux massacres de Tutsis dans les préfectures de Cyangugu et Kibuye (ouest).
Du 13 au 30 avril 1994, a allégué le magistrat ougandais, l'accusé a dirigé quatre attaques contre des Tutsis qui avaient cherché refuge à la cathédrale de Cyangugu et dans d'autres églises catholiques.
Selon le représentant du procureur, dans toutes ces expéditions, Munyakazi et ses miliciens Interahamwe qu'il avait « recrutés, entraînés et armés » ont tué des Tutsis avec des armes à feu, des grenades ou des machettes.
De l'avis de l'accusation, l'accusé était tellement zélé dans les massacres qu'il est parti en renforts le 30 mai 1994 sur les hauteurs de Bisesero, dans la préfecture de Kibuye, où les Tutsis opposaient une résistance aux assaillants.
Pendant que le substitut du procureur le chargeait, Munyakazi, remarquable par sa longue barbe blanche et son keffieh, semblait suivre attentivement le discours, sans sourciller.
Ces accusations lui étaient traduites en kinyarwanda, car il ne comprend ni le français l'anglais, les deux langues officielles du tribunal.
Après sa déclaration liminaire, M.Karegyesa a cité son premier témoin, un homme qui a commencé sa déposition à huis clos.
Munyakazi a été arrêté en mai 2004 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où il se faisait passer pour un imam, sous le nom de Mzee Mandevu (littéralement, le vieux barbu en kiswahili).
Il fait partie des cinq accusés que le procureur du TPIR a cherché en vain à renvoyer vers les tribunaux rwandais.
Son procès est le deuxième à démarrer cette année après celui du lieutenant Ildephonse Hategekimana en cours depuis le 16 mars. Cet officier était également visé par une demande de transfert vers le Rwanda rejetée par les juges du TPIR.
Sept autres détenus, dont deux anciens ministres, attendent encore de comparaître alors que le Conseil de sécurité demande avec insistance au TPIR de terminer cette année les procès en première instance.
ER/GF
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