Indonésie: des familles papoues dénoncent l'acquittement d'un militaire accusé de meurtres

L'acquittement par un tribunal indonésien des droits de l'homme d'un officier de l'armée à la retraite accusé du meurtre de quatre adolescents papous en 2014 est un signe d'impunité, a fustigé un représentant des familles des victimes.

Les familles ont demandé la réouverture du dossier après qu'un tribunal des droits humains de Makassar (est), a acquitté jeudi Isak Settu des accusations de "crimes contre l'humanité".

Une précédente commission indonésienne a conclu que le militaire avait tiré sur les quatre lycéens lors de manifestations à Paniai, une zone centrale de la province de Papouasie marquée par une longue insurrection qui a souvent dégénéré en violence.

"Nous, les familles des victimes et les témoins, constatons que le pays pratique l'impunité et protège les auteurs de l'affaire de violations flagrantes des droits de l'homme à Paniai", a déclaré vendredi soir à l'AFP Yones Douw, porte-parole des familles des victimes.

M. Settu encourrait 10 ans de prison pour son rôle présumé dans l'incident, lorsque les forces de sécurité indonésiennes ont ouvert le feu sur une foule qui protestait contre les passages à tabac de jeunes papous par l'armée.

La première commission des droits de l'homme a estimé que les soldats et leurs supérieurs étaient responsables de la mort des étudiants, âgés de 17 et 18 ans, ainsi que des blessures de 21 autres Papous qui manifestaient.

Il s'agissait de "violations flagrantes des droits de l'homme", a-t-elle en outre conclu en 2020.

M. Settu, le seul officier traduit en justice, a été acquitté de toutes les accusations pesant contre lui lors de l'audience de jeudi, qui a été diffusée en direct.

Il était officier de liaison lors de l'incident et le tribunal a jugé qu'il n'avait pas le commandement effectif du bureau militaire local au moment où la fusillade s'est produite.

Le procès des droits de l'homme, une juridiction spéciale, était le premier en Indonésie depuis 2004. Aucun des prévenus n'a été puni à l'issue des trois cas précédents.

Les familles des victimes ont également envoyé une lettre, vue par l'AFP, au Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme à Genève, Volker Türk, demandant de l'aide pour pousser le gouvernement indonésien à rouvrir le dossier.

L'armée indonésienne a été accusée d'avoir commis des atrocités contre des civils papous au cours d'une insurrection de plusieurs décennies pour obtenir l'indépendance de la province riche en minéraux.

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