Le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte doit prononcer lundi à La Haye un discours sur le rôle de l'Etat néerlandais dans 250 ans d'esclavage.
Voici cinq questions sur l'implication du pays dans la traite d'êtres humains.
- Comment la traite néerlandaise des esclaves a-t-elle commencé ? -
Le rôle des Pays-Bas dans l'esclavage est allé de pair avec l'expansion de ses intérêts coloniaux et commerciaux à travers le monde au XVIIe siècle, appelé le "siècle d'or" néerlandais.
Après la création de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) en 1602 et de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (WIC) quelques années plus tard, le commerce, y compris celui des esclaves, s'est rapidement développé.
Le pays et ses villes, comme Amsterdam, se sont grandement enrichis, entraînant une floraison de la culture et l'art, dont Rembrandt (1625-1669) est l'une des principales figures.
En 1634, la WIC procède à la traite de mille esclaves depuis la Côte-de-l'Or (aujourd'hui le Ghana) vers la Nouvelle-Hollande, le Brésil hollandais, pour y travailler dans les plantations.
La même année, la compagnie conquiert Curaçao, île des Caraïbes auparavant aux mains des Espagnols, qui devient rapidement une plaque tournante du commerce des esclaves.
En 1667, les Néerlandais colonisent le Suriname, sur la côte nord-est de l'Amérique du Sud, qui devient un territoire de plantations dépendant fortement du travail des esclaves en provenance d'Afrique.
Les Néerlandais ont procédé à la traite d'environ 650.000 esclaves au total, dont 200.000 vers le Suriname.
- Et à l'est ? -
Le rôle des Néerlandais dans la traite des esclaves dans l'océan Indien et en Asie est moins bien documenté mais d'égale importance, selon les experts.
Les esclaves étaient amenés principalement au Cap depuis ce qui est aujourd'hui Madagascar et l'Indonésie, appelée autrefois les Indes orientales néerlandaises, où la traite d'être humains a prospéré avec des personnes capturées dans le sous-continent indien.
- Quand les Néerlandais ont-ils aboli l'esclavage ? -
Les Pays-Bas ont été l'un des derniers pays à mettre fin à l'esclavage. Formellement aboli dans les territoires détenus par les Néerlandais le 1er juillet 1863, il n'a vraiment pris fin qu'en 1873 après une période de "transition" de 10 ans.
Des organisations de commémoration souhaitent que des excuses officielles soient prononcées le 1er juillet 2023, jour de célébration des 150 ans de la fin de l'esclavage.
- Des "excuses" ? -
La question des excuses officielles pour le rôle de l'Etat néerlandais au cours des 250 de traites d'êtres humains dans ces anciennes colonies est évoquée depuis des années.
Mais le sujet a pris de l'ampleur l'an dernier avec la publication d'un rapport d'une commission qui recommandait au gouvernement de reconnaître l'esclavage comme un crime contre l'humanité et de présenter des excuses officielles.
Selon des informations non confirmées relayées par la presse, le gouvernement compte présenter des excuses officielles ce 19 décembre.
Des organisations de commémoration de l'esclavage ont jugé cette date "précipitée", déplorant le manque de consultation de La Haye. Elles veulent que celles-ci soient prononcées le 1er juillet 2023, date à laquelle les descendants de l'esclavage néerlandais célébreront les 150 ans de la fin de l'esclavage lors d'une célébration annuelle appelée "Keti Koti" (Briser les chaînes) en surinamais.
Un récent sondage aux Pays-Bas a indiqué qu'à peine 38% des Néerlandais sont en faveur d'excuses officielles.
- Et les autres anciens empires? -
Les territoires détenus par les Néerlandais n'étaient pas aussi importants que les empires britannique, français ou espagnol.
L'Empire britannique était le plus grand de l'histoire. Au début du XXe siècle, il s'étendait du Canada à l'ouest jusqu'aux îles Fidji dans le Pacifique Sud. En 1913, il gouvernait plus de 400 millions de personnes, soit environ un quart de la population mondiale et de la surface terrestre.
Au début du XXe siècle, le deuxième plus grand empire colonial appartenait à la France, qui en 1931 régnait sur 12 millions de km2 de territoire et 60 millions d'habitants, de la Guyane française en Amérique du Sud à la majeure partie de l'Afrique de l'Ouest et de la Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique Sud.
Mais à son apogée à la fin des années 1700, l'empire espagnol était plus grand, englobant environ 13,7 millions de km2 de territoire, notamment dans les Amériques.

