Relever les taux mais pas trop, la Fed prête à ralentir de nouveau

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La banque centrale américaine tient cette semaine sa première réunion de l'année, au cours de laquelle elle devrait, face à une inflation toujours trop élevée, relever de nouveau ses taux mais seulement d'un quart de point de pourcentage, moins fort qu'auparavant car l'économie ralentit.

C'est un "tango infernal" dans lequel est embarquée la Fed, selon Gregory Daco, chef économiste pour EY Parthenon.

Le comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, se réunit mardi et mercredi.

"Il sera confronté à un défi difficile", avertit l'économiste dans une note, devant montrer qu'il n'a pas l'intention de déclarer trop tôt victoire contre l'inflation, tout en évitant de trop resserrer sa politique monétaire, ce qui risque de faire plonger l'économie américaine dans la récession.

La Fed s'apprête à relever ses taux pour la huitième fois d'affilée depuis le mois de mars. Les acteurs du marché s'attendent à une hausse d'un quart de point de pourcentage (soit 25 points de base), selon l'évaluation des produits financiers à terme de CME Group.

Cela marquerait un retour au rythme habituel, après des relèvements d'une demi-point et même de trois-quarts de points, du jamais-vu depuis près de 30 ans.

- "Très clairs" -

"Dans la mesure où nous partions de taux proches de zéro au printemps, il était nécessaire d'agir rapidement. (...) Il m'apparaît qu'il est désormais temps de ralentir le rythme, sans le stopper", avait déclaré, le 20 janvier, Christopher Waller, un gouverneur de la Fed.

Les taux au jour le jour, qui influent le coût de tous les autres crédits, se trouvent désormais dans une fourchette de 4,25 à 4,50%.

La Réserve fédérale annoncera sa décision mercredi à 14H00 (19H00 GMT) dans un communiqué, et le président de la Fed, Jerome Powell, tiendra ensuite une conférence de presse.

Les responsables de l'institution "ont été très clairs sur leur message, ils veulent ralentir encore", afin d'observer "les effets cumulatifs et décalés de la politique monétaire sur l'économie", a indiqué à l'AFP Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.

Car les effets des hausses de taux ne sont pas immédiats, il leur faut des mois pour se faire pleinement sentir. Ces relèvements font à leur tour grimper les taux d'intérêt des crédits, que ce soient des prêts immobiliers, automobiles, ou encore à la consommation.

Cela réduit le pouvoir d'achat des ménages, qui en achetant moins, ralentissent la demande et desserrent la pression sur les prix.

Et cela porte ses fruits: l'inflation semble avoir cessé sa folle escalade aux Etats-Unis. Elle est tombée en décembre à 5,0% sur un an contre 5,5% le mois précédent, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed, et publié vendredi.

C'est une bonne nouvelle, mais c'est toujours bien supérieur aux 2% que vise l'institution monétaire.

Une autre mesure de l'inflation, l'indice CPI, sur laquelle sont indexées les retraites, a aussi montré un fort ralentissement en décembre, à 6,5% contre 7,1%.

- Dernière hausse en mars -

Une dernière hausse d'un quart de point est attendue lors de la réunion suivante, les 21 et 22 mars, ce qui ferait culminer les taux à 4,75-5,00%, "avant que la politique ne se stabilise sur le reste de l'année", prévoit Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.

Car la consommation est le moteur de l'économie américaine. Gare donc à ne pas la faire caler, et tomber dans la récession.

"L'espoir d'un atterrissage en douceur subsiste, mais ses précédents résultats en la matière ne sont pas encourageants", rappelle ainsi Oren Klachkin, également économiste pour Oxford Economics.

Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a enregistré une croissance de 2,1% pour l'ensemble de l'année 2022, a annoncé jeudi le département du Commerce.

Le marché de l'emploi, quant à lui, reste solide, avec un taux de chômage à 3,5% en décembre, toujours l'un des plus bas des 50 dernières années.

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