L'Union européenne est critiquée pour avoir programmé une rencontre avec le gouverneur de la région chinoise du Xinjiang qui doit se rendre en Europe en février, avec une étape à Londres qui fait également polémique.
Erkin Tuniyaz est sanctionné par les États-Unis en raison du traitement infligé par la région chinoise à sa minorité musulmane ouïghoure. Depuis plusieurs années, les autorités chinoises sont accusées, preuves à l'appui, d'avoir fait enfermer dans des camps au Xinjiang plus d'un million de Ouïghours et d'autres membres de minorités majoritairement musulmanes.
"Le Royaume-Uni et l'Union européenne ne devraient pas se laisser entraîner dans des réunions avec de hauts responsables du Xinjiang qui permettent à la Chine de blanchir les atrocités qu'elle commet", a déploré l'organisation Human Rights Watch.
Elle estime que Bruxelles et Londres devraient au contraire "enquêter et imposer des sanctions à Erkin Tuniyaz et à d'autres hauts responsables chinois pour leur rôle dans les crimes contre l'humanité au Xinjiang".
La Chine a informé l'UE qu'une délégation dirigée par le gouverneur du Xinjiang se rendrait à Bruxelles en février, a expliqué Peter Stano, le porte-parole du service diplomatique européen. "Sur demande de la partie chinoise, des réunions seront organisées" avec des fonctionnaires chargés des relations UE-Chine et des droits humains, a-t-il précisé.
"Nous considérons qu'il s'agit d'une occasion de transmettre directement les préoccupations de longue date de l'UE au sujet de la situation des droits humains au Xinjiang", a souligné M. Stano.
"Si l'engagement avec la République populaire de Chine reste nécessaire en général, nous nous interrogeons fortement sur la sagesse de rencontrer officiellement une personne directement impliquée dans la persécution des Ouïghours", ont cependant déclaré les députés européens Reinhard Bütikofer (Verts) et Miriam Lexmann (PPE, conservateurs).
Le gouvernement britannique avait de son côté confirmé jeudi qu'une rencontre était envisagée au Royaume-Uni avec Erkin Tuniyaz. Mais l'idée est dénoncée par des députés de tous les bords politiques, certains évoquant un "coup de propagande" et une "provocation" de la Chine.
Un récent rapport des Nations unies a révélé des allégations crédibles de tortures et de travail forcé dans le Xinjiang.
Pékin rejette ces accusations et affirme que les États-Unis et leurs alliés occidentaux utilisent cette question comme un "outil politique".
En 2021, l'UE avait imposé des sanctions (interdictions de visas et gels d'avoirs) à quatre responsables chinois en raison du traitement infligé aux OuÏghours. La décision avait déclenché des mesures de représailles de la part de Pékin et un gel de la ratification d'un accord d'investissement historique entre l'UE et la Chine.

