15.10.09 - TPIR/MUNYAKAZI - LES DENIS D'UN SEPTUAGENAIRE ACCUSE DE MASSACRES DANS DES EGLISES

Arusha, 15 octobre 2009 (FH) -  Yussuf Munyakazi, un septuagénaire accusé d'avoir semé la mort et la désolation dans des églises catholiques de la préfecture de Cyangugu (sud-ouest du Rwanda) pendant le génocide de 1994, a tenté jeudi de se laver de ces graves accusations.

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Selon le procureur, Munyakazi, qui témoigne pour sa défense depuis mercredi, aurait dirigé des attaques meurtrières contre les Tutsis qui avaient cherché refuge dans les églises paroissiales de Nyamasheke, Shangi et Mibilizi.

« Cela ne s'est jamais passé (...) Si j'avais voulu tuer des Tutsis, j'aurais commencé par ceux de chez moi, en commune Bugarama », a protesté l'accusé, soulignant qu'il avait caché plusieurs Tutsis sous son toit.

« J'étais en train d'évacuer d'autres Tutsis vers le Burundi ou le Congo (Kinshasa) », a poursuivi Munyakazi qui était contre interrogé par Segun Jegede, de l'accusation.

Le représentant du procureur a alors produit un jugement rendu par le TPIR dans une affaire concernant trois autres accusés de Cyangugu, et dont certains passages sont accablants pour l'accusé.

« Je n'étais pas là lors de ce procès, ni moi, ni mes avocats n'avons eu l'occasion d'intervenir dans cette affaire-là », a répliqué Munyakazi qui s'exprimait en langue rwandaise, la seule qu'il puisse parler couramment.

L'accusé a ensuite soutenu qu'il n'avait jamais été mis en cause devant les juridictions populaires gacacas de sa commune, Bugarama. Ces tribunaux inspirés de la tradition rwandaise, sont chargés de juger la quasi-totalité des auteurs présumés du génocide perpétré contre les Tutsis en 1994.

Prenant la balle au bond, M. Jegede a produit des procès-verbaux gacacas émanant de Bugarama et dans lesquels l'inculpé est clairement présenté comme « le chef de la milice Interahamwe » dans cette commune.

Un des deux textes indique, en outre, qu'il avait transformé sa maison « en quartier général de ces miliciens qui s'y rassemblaient après les tueries ». Le doyen des détenus du TPIR a répondu que ces allégations étaient le fait de Tutsis, non originaires de Bugarama, ayant accaparé ses biens après le génocide.

« Le seul mérite de ces documents, a-t-il dit, ironiquement, c'est qu'ils disent clairement que j'étais un cultivateur et non un grand homme d'affaires prospère, comme vous voulez le faire accroire, Monsieur le procureur ».

Arrêté en mai 2004 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) où il vivait sous un faux nom, Munyakazi est le dernier témoin à décharge dans son procès, qui a démarré le 22 avril dernier.

ER/GF

© Agence Hirondelle