La Nouvelle-Zélande dit à Pékin son inquiétude sur les droits humains et Taïwan

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La Nouvelle-Zélande a fait part à Pékin de sa "vive" inquiétude au sujet de violations des droits humains en Chine et de tensions croissantes avec Taïwan, a rapporté la ministre néozélandaise des Affaires étrangères Nanaia Mahuta samedi dans un entretien à l'AFP.

Mme Mahuta, qui se trouvait à Pékin samedi, s'est rendue cette semaine en Chine, où aucun chef de la diplomatie néozélandaise ne s'était déplacé depuis 2018.

Elle s'est entretenue avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, au sujet de "questions épineuses" telles que les droits humains dans la région chinoise du Xinjiang (nord-ouest), les libertés à Hong Kong et l'influence de la Chine dans le Pacifique.

"Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous pouvons nous mettre d'accord et nous avons aussi discuté de questions épineuses, en abordant les points sur lesquels nous ne sommes pas d'accord", a assuré Mme Mahuta à l'ambassade de Nouvelle-Zélande à Pékin, citant notamment "les droits humains".

Wellington a interpellé Pékin, son plus important partenaire commercial, au sujet de signalements faisant état d'une répression à l'égard de la minorité ouïghoure dans la région du Xinjiang.

"Lors de (notre) discussion, j'ai exhorté la Chine à répondre aux recommandations du Haut-Commissariat (des Nations unies) aux droits de l'homme", a fait savoir la ministre à l'AFP.

L'ONU avait évoqué de possibles "crimes contre l'humanité" et fait état de "preuves crédibles" de tortures et de violences sexuelles à l'égard des Ouïghours et d'autres minorités à prédominance musulmane, dans un rapport sur le Xinjiang publié en 2022. Des accusations que rejette catégoriquement Pékin.

La Nouvelle-Zélande, de concert avec Washington, avait également accusé la Chine de vouloir accroître sa présence militaire dans le Pacifique.

Mme Mahuta a ainsi manifesté son inquiétude quant à l'évolution de la situation "en mer de Chine méridionale", selon le communiqué publié samedi.

La question taïwanaise a également été abordée. Les 23,5 millions d'habitants de l'île vivent sous la menace constante d'une invasion de Pékin, qui considère Taïwan comme une partie de son territoire à reconquérir un jour, et si nécessaire par la force.

Les démonstrations de force de Pékin se sont intensifiées ces dernières années sous la présidence de Xi Jinping, et l'invasion de l'Ukraine par la Russie a renforcé à Taïwan les craintes de voir Pékin agir de façon similaire.

Au cours de son entretien avec l'AFP, Mme Mahuta a déclaré avoir également "souligné la position de la Nouvelle Zélande au sujet de l'agression illégale et (injustifiée) de la Russie contre l'Ukraine".

Pékin s'abstient d'utiliser des termes aussi forts pour faire référence à l'invasion russe de l'Ukraine, accusant plutôt l'Otan de "jeter de l'huile sur le feu".

La Nouvelle Zélande "a exhorté la Chine à user de son influence auprès de la Russie pour (obtenir) le retrait des forces armées et la fin de la guerre", a ajouté Mme Mahuta.

Selon le communiqué publié samedi matin, Wellington "serait préoccupé (en cas de) fourniture d'aide létale en soutien à la guerre illégale de la Russie".

Outre son entretien avec M. Qin, Mme Mahuta a rencontré le plus haut diplomate chinois Wang Yi.

Elle a dit espérer que son déplacement marquerait la reprise de discussions "de haut niveau" entre les deux Etats, évoquant une possible visite du nouveau Premier ministre néozélandais Chris Hipkins.

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