17.02.06 - TPIR/MUVUNYI - LE PROCES DU COLONEL MUVUNYI REPORTE AU 6 MARS

Arusha, le 16 février 2006 (FH) – Le procès pour génocide de l’ancien commandant de l’Ecole des sous officiers (ESO) de Butare (sud du Rwanda), le colonel Tharcisse Muvunyi, a été ajourné au 6 mars prochain, a-t-on appris jeudi auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). L’officier rwandais, 54 ans, présente sa défense depuis le 5 décembre dernier.

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Il a à ce jour cité à la barre treize témoins. Le procureur a clôturé son accusation le 20 juillet 2005 après avoir cité 22 témoins.

L’accusé répond de génocide et de crimes contre l’humanité, dont des viols reprochés à des soldats qui étaient sous ses ordres pendant le génocide de 1994. Il plaide non coupable.

Une source de la défense a indiqué à l’Agence Hirondelle que le procès a été ajourné pour des raisons « logistiques ». Le juge président de cette affaire, le Sri lankais Joseph Asoka de Silva préside une autre affaire, celle de quatre officiers de l’ancienne armée rwandaise qui doit reprendre lundi prochain, a ajouté la même source.

Le juge Silva a annoncé que dès la reprise, la chambre entendra cinq témoins par vidéo conférence, trois à partir d’Europe, et deux à partir de Kigali.

Le report est intervenu après l’audition du témoin protégé « M078 », désigné ainsi pour des raisons de sécurité. Il a affirmé que le colonel Muvunyi avait appelé la population de la région qui était placée sous sa responsabilité pendant le génocide à rester « unie ». En 1994, l’officier était commandant de deux régions du sud du Rwanda : Butare et Gikongoro. Il aurait, vers la fin mai 1994, appelé Hutus et Tutsis de Gikongoro, une région qui était en proie à la violence, à vivre en harmonie, disant que la guerre qui opposait la rébellion au gouvernement d’alors ne les concernait pas.

Le procureur s’est étonné que les autorités aient attendu aussi longtemps avant de lancer leur appel au calme. Les massacres à grande échelle ont éclaté dans la nuit du 6 avril, à la suite de l’attentat contre le président Juvénal Habyarimana, « A ma connaissance, les autorités ont toujours condamné les tueries, mais en tant que simple paysan, je ne connaissais pas leur façon de travailler », a répondu M078.

Le témoin à également nié que le colonel Muvunyi ait invité les Hutus mariés aux femmes tutsies à se séparer de leurs épouses, rejetant ainsi les propos de certains témoins à charge ayant déposé dans ce procès.

L’ex commandant est défendu par l’avocat américain Bill Taylor. L’équipe du bureau du procureur est dirigée par le Nigérian Charles Adeogun-Phillips dans cette affaire qui a débuté le 28 février 2005.

GA/PB/GF