« J'espère que le chambre rétablira le capitaine Innocent Sagahutu dans son honneur et sa dignité », a indiqué l'avocat burundais à la fin de sa déclaration marquant le début de la présentation des moyens de défense de son client. Me Segatwa a réfuté toutes les allégations portées contre le capitaine qu'il a présenté comme « un officier brave » qui était « apprécié par ses chefs et ses subordonnés ». « Des témoins hutus et tutsis viendront dire qu'ils ont bénéficié de son assistance » pendant le génocide d'avril à juillet 1994, a affirmé le défenseur, soulignant que l'accusé « était la terreur et le bête noire des malfaiteurs de tous bords ». « Ni lui, ni ses hommes n'ont participé à la mise à mort du Premier ministre (Agathe Uwilingiyimana) ou des (dix) Casques bleus belges » tués le 7 avril 1994 par des éléments de l'armée rwandaise, a protesté l'avocat. Pour Me Segatwa, c'est plutôt le commandant canadien de la force onusienne alors présente au Rwanda, le général Roméo Dallaire, qui devrait répondre de non assistance aux paras belges. « Dallaire a eu peur de s'arrêter pour secourir ses militaires qu'il voyait en danger de mort (...) C'est lui qui aurait dû être poursuivi », a assené l'avocat burundais. Me Segatwa a par ailleurs nié que son client ait jamais exercé les fonctions de commandant en second du bataillon de reconnaissance, comme l'allègue le procureur. L'avocat a souligné que le capitaine commandait « l'escadron A » de cette unité d'élite qui était sous la responsabilité du major François-Xavier Nzuwonemeye, également jugé dans cette affaire où comparaissent en outre les anciens chefs de l'armée et de la gendarmerie, les généraux Augustin Bizimungu et Augustin Ndindiliyimana. Dernier à présenter ses témoins dans ce procès ouvert en septembre 2004, Sagahutu a été arrêté au Danemark en février 2000. Après la déclaration liminaire de Me Segatwa, la chambre présidée par le juge Joseph Asoka de Silva a entendu un témoin qui a déposé en vidéoconférence depuis un pays européen. Selon des sources proches du dossier, il s'agirait d'un officier français appelé en défense du général Augustin Ndindiliyimana. Le procès se poursuit mardi. Mercredi, selon un avocat, l'ancien ambassadeur belge au Rwanda, M. Johan Swinnen, devrait venir également pour la défense de Ndindiliyimana. , ER/PB/GF © Agence Hirondelle