Les cinq juges de la chambre d'appel ont conclu à l'unanimité que la chambre de première instance avait commis des erreurs en déclarant « Monsieur Z » coupable de génocide et extermination. En conséquence, ils ont annulé la peine de 20 ans de prison initialement infligée à celui que le bureau du procureur présente comme la principale figure du cercle présidentiel ayant, selon de nombreux auteurs, planifié le génocide.
Après la lecture de l'arrêt, Me John Philpot, l'avocat de Zigiranyirazo, a de nouveau répété que toutes les accusations portées contre son client avaient été « inventées » après son arrestation en Belgique le 26 juin 2001.
« C'est une leçon pour la justice internationale ; ils devraient disposer de preuves avant d'arrêter quelqu'un », a déclaré l'avocat canadien, répondant à la presse.
Tout en exprimant sa joie, Protais Zigiranyirazo a salué « une victoire de la vérité sur le mensonge ». Le septuagénaire a aussi déploré les conséquences de sa mise en accusation : « J'ai été arrêté et incarcéré pour rien ; j'ai perdu mes biens ; ma famille s'est dispersée ; mes enfants n'ont pas d'avenir ».
Mardi matin, au hasard d'une visite du tribunal dont il ne connaissait que les salles d'audience, il a rencontré dans un couloir le procureur en chef du TPIR, Hassan Bubacar Jallow, qui lui a souhaité « bonne chance » après l'avoir félicité pour son nouveau statut d'homme libre. Ils ont échangé des sourires avant de poursuivre chacun leur chemin.
A Kigali, le ministre de la Justice, Tharcisse Karugarama, a marqué un vif étonnement: « Le Rwanda s'est engagé légalement à accepter les décisions de tous les tribunaux, qu'ils soient nationaux, régionaux ou internationaux. Cependant cela ne veut pas dire que nous accueillons bien la décision d'acquitter Monsieur Z », a-t-il déclaré selon le New Times. « C'est un triste jour pour le Rwanda, c'est un triste jour pour les survivants du génocide, de voir un organisateur du génocide acquitté », a ajouté le ministre.
C'est la toute première fois dans son histoire que le TPIR acquitte en appel une personne condamnée en première instance.
Ancien préfet de Ruhengeri (nord), Zigiranyirazo est le frère aîné d'Agathe Kanziga, la veuve de l'ex-président Juvénal Habyarimana. Agathe Kanziga vit en France où les autorités lui ont cependant refusé l'asile politique le mois dernier, la soupçonnant d'implication dans le génocide.
ER/GF
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