Le procureur général rwandais, Martin Ngoga, a déclaré à l'Agence Hirondelle mardi que cette équipe passerait une semaine sur place, pour évaluer les preuves liées à ces accusations de génocide. " C'est la bonne chose à faie... J'espère qu'ils feront plus de visites de ce type", a-t-il ajouté.
Selon le procureur général, le gouvernement a émis douze actes d'accusation contre des rwandais réfugiés en France et accusés de génocide, mais aucun de ces suspects n'a pour le moment été inculpé. "Nous n'avons pas fait beaucoup de progrès en ce sens", a-t-il remarqué.
Le Rwanda estime que la France est le pays qui accueille le plus de fugitifs rwandais, en particulier d'anciens membres du gouvernement, hommes d'affaires ou hommes d'église.
Parmi ces suspects se trouve Agathe Kanziga Habyarimana, la femme du défunt président Juvénal Habyarimana. Elle est accusée d'avoir dirigé à plusieurs reprises les réunions de l'Akazu, un cercle d'influence restreint qui aurait, selon le Rwanda, planifié le génocide.
Le statut de réfugié lui a récemment été refusé.
Pour certains, cette mission de juristes est une étape importante dans l'amélioration des relations entre le Rwanda et la France.
Le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec Paris après qu'un juge français avait émis, en 2006, neuf mandats d'arrêts internationaux contre des officiels de l'actuel gouvernement rwandais, pour leur rôle supposé dans l'attentat qui coûta la vie au président Habyarimana le 6 avril 1994.
Le Rwanda accuse la France d'avoir soutenu les milices hutues en 1994, ce que la France dément avec véhémence.
La langue officielle du Rwanda, qui était le français, est devenue l'anglais en 1994. Le Rwanda a aussi postulé pour devenir membre du Commonwealth.
Cependant, une rencontre entre les présidents Sarkozy et Kagame a quelque peu réchauffé les relations entre les deux pays, préparant la visite du ministre français des Affaires Bernard Koucher, en Janvier 2008.
Au cours de cette visite, Kouchner avait affirmé que la France n'avait aucune responsabilité militaire dans le génocide, mais avait commis une "faute politique" en ne comprenant pas suffisamment tôt qu'un génocide était en cours.
Il avait aussi déclaré que la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays était indispensable, ce qui n'a pas encore été le cas.
SC/GF
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