26.11.09 - RWANDA/France - LES JUGES FRANÇAISES AVAIENT RENCONTRE JALLOW AVANT D'ALLER A KIGALI

Arusha, 26 novembre 2009 (FH) - Les deux juges françaises enquêtant actuellement au Rwanda sur l'implication présumée, dans le génocide de 1994, de Rwandais réfugiés en France, avaient rencontré en octobre dernier le procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Hassan Bubacar Jallow, a-t-on appris jeudi.

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Fabienne Pous et Michèle Ganascia sont arrivées à Kigali le 21 novembre pour une semaine travail. Elles devraient y retourner l'année prochaine.

Leur rencontre avec M.Jallow a eu lieu le 16 octobre, au siège du TPIR, à Arusha, en Tanzanie, rapporte la lettre d'information mensuelle du tribunal. Elles étaient venues « demander l'aide du tribunal dans le traitement d'environ 10 dossiers impliquant des Rwandais soupçonnés de génocide », indique la lettre.

Selon une source bien informée au TPIR, les deux juges d'instruction françaises recherchaient des éléments de preuve auprès de Jallow dont les services ont eu à mener des enquêtes notamment sur Agathe Kanziga, la veuve de l'ex-président Juvénal Habyarimana.

L'assassinat, le 6 avril 1994, de ce chef d'Etat hutu, avait servi de détonateur au génocide dans lequel furent tuées près de 800.000 personnes, essentiellement d'ethnie tutsie, selon l'ONU.

Même si elle n'est pas recherchée par le tribunal d'Arusha, la veuve de l'ex-président est souvent citée dans des témoignages au TPIR parmi les principaux responsables du génocide ainsi que son frère Protais Zigiranyirazo qui a été acquitté et libéré la semaine dernière par la chambre d'appel de cette juridiction des Nations Unies.

Une dizaine d'enquêtes judiciaires ont été ouvertes en France, et centralisées à Paris, à l'encontre de Rwandais soupçonnés de complicité de génocide et de crimes contre l'humanité.

Mais à ce jour, seules trois personnes ont été inculpées dans l'hexagone pour des faits liés au génocide: Wenceslas Munyeshyaka, ancien curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Kigali, l'ancien préfet de Gikongoro (sud du Rwanda), Laurent Bucyibaruta et le capitaine Pascal Simbikangwa, des anciens services secrets rwandais.

Les deux premiers avaient été initialement mis en accusation par le TPIR qui a finalement confié leurs dossiers à la justice française.

Le déplacement des deux juges françaises est une première depuis la rupture par Kigali de ses relations diplomatiques avec Paris, après l'émission de mandats d'arrêts en novembre 2006 par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière.

Ces mandats visent des proches du président rwandais Paul Kagame, soupçonnés d'avoir pris part à l'attentat contre l'avion du président Habyarimana.

Les relations entre les deux pays étaient déjà très tendues depuis 1994, les autorités de Kigali accusant Paris d'avoir aidé les génocidaires hutus, ce que la France a toujours démenti.

ER/GF

© Agence Hirondelle