Désigné par le pseudonyme GAP pour préserver son anonymat, l'homme était cité par Joseph Nzirorera, l'ex-secrétaire général du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), défendu par Me Peter Robinson.
Or, dès son entrée dans le prétoire jeudi dernier, il a fait volte-face, clouant au pilori l'avocat américain.
A Me Robinson qui revenait lundi sur ces allégations de tentative de subornation, le témoin, qui s'exprimait en langue rwandaise, a répondu : « Vous m'avez dicté ce que je devais dire et vous m'avez promis 500 dollars (...) J'ai accepté de signer ».
GAP faisait référence à une déclaration écrite dans laquelle il affirmait que des accusés de génocide détenus avec lui à la prison centrale de Ruhengeri (nord du Rwanda) inventaient, en échange de mesures de clémence de la part des autorités rwandaises, des accusations contre d'anciens dignitaires poursuivis au TPIR, dont Nzirorera.
Une déclaration qu'il a désavouée devant les juges du tribunal des Nations Unies.
« Je voudrais vous dire que lorsque j'ai rencontré l'avocat Robinson, nous avons plutôt concocté des preuves. C'est lui qui m'a demandé d'inventer des éléments de preuve en faveur de son client », a dit GAP lundi s'adressant à la chambre.
Il a ajouté que son entretien avec l'avocat américain avait été enregistré d'un commun accord, pour éviter que le défenseur ne revienne sur son engagement à payer les 500 dollars de contrepartie.
L'audition a alors été suspendue pour permettre aux parties d'entendre les quelque 80 minutes de cet enregistrement audio, distribué à l'audience par Me Robinson.
Nzirorera comparaît avec les anciens président et vice-président du MRND, Mathieu Ngirumpatse et Edouard Karemera.
Inculpés de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, les trois hommes répondent notamment de diverses exactions perpétrées à travers le Rwanda par des membres de leur parti, en particulier des jeunes. C'est ce que l'on appelle en droit la responsabilité de supérieur hiérarchique.
Les accusés rétorquent que le procureur n'a pas démontré l'existence de liens de subordination entre eux et les auteurs de ces crimes.
NI/ER/GF
© Agence Hirondelle