Le Royaume-Uni s'est montré prudent sur la destruction du barrage de Kakhovka dans le sud de l'Ukraine, déclarant mercredi par la voix de son ministre des Affaires étrangères attendre "tous les éléments (d'information) disponibles" après avoir dénoncé la veille un "crime de guerre
"Nous ne nous exprimerons pas tant que nous ne disposerons pas de tous les éléments (d'information) disponibles. Nous allons donc pécher par excès de prudence sur cette histoire", a déclaré James Cleverly dans un entretien avec l'AFP en marge d'une réunion à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris.
Mardi, ce ministre avait parlé d'"acte odieux" relevant du "crime de guerre" à propos de la destruction le même jour de ce barrage sur le Dniepr, dans une zone sous contrôle russe, qui fait craindre une catastrophe humanitaire et écologique.
Les deux camps s'en rejettent la responsabilité.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait accusé dès mardi la Russie de l'avoir miné et de l'avoir fait exploser, barrant de facto la route à une contre-offensive ukrainienne dans cette partie du sud de son pays. Son homologue russe Vladimir Poutine a affirmé pour sa part le lendemain qu'il s'agissait d'"un acte barbare" à imputer à Kiev.
Sur des images satellites partagées par Maxar Technologies, on pouvait très clairement voir l'ampleur de l'inondation de zones situées sur les rives du fleuve dont la population civile continuait d'être évacuée par les autorités ukrainiennes et les forces d'occupation russes.
Mercredi à Paris, James Cleverly a également fait savoir que Londres ne se laisserait pas intimider par les "rodomontades" de la Russie concernant les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine.
"Nous avons décidé en conscience que la rhétorique d'escalade ou les rodomontades de Vladimir Poutine ou du Kremlin ne nous dissuaderont pas de faire ce qui est juste", a dit à l'AFP le ministre britannique.
"A mesure que les Ukrainiens s'approchent du succès et (sont) plus près de la victoire, il faut s'attendre à encore plus de bruits stridents et, plus régulièrement, venant du Kremlin", a a-t-il souligné.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a récemment déclaré que les Occidentaux "jouaient avec le feu" en acceptant de fournir à l'Ukraine des avions de chasse de fabrication américaine F-16.
- Autodéfense -
Le Royaume-Uni a été à l'avant-garde des alliés de l'Ukraine en décidant rapidement de fournir à ce pays des missiles antichars, des chars modernes et, plus récemment, des missiles Storm Shadow de plus longue portée.
Réagissant aux allégations de frappes ukrainiennes sur le territoire russe, y compris dans la région frontalière de Belgorod, M. Cleverly a insisté sur le fait que les Ukrainiens avaient "le droit à la légitime défense".
"Nous aidons. Nous donnons des équipements et, bien sûr, en tant qu'ami sur la scène internationale, nous leur donnons nos opinions sur la meilleure façon d'assurer cette autodéfense. Mais, finalement, ce sont leurs troupes qui sont en conflit", a-t-il poursuivi.
James Cleverly était dans la capitale française pour présider une réunion ministérielle à l'OCDE, un organisme économique multilatéral qui rassemble des pays démocratiques.
L'une de ses priorités est de préparer l'Ukraine Recovery Conference des 21 et 22 juin à Londres, où les alliés de l'Ukraine discuteront de la reconstruction et des moyens d'encourager le secteur privé à y participer.
"Il s'agit de s'assurer que nous identifions le type de besoins que l'Ukraine aura", a dit le ministre britannique.
Si les lignes défensives russes le long du Dniepr vont être submergées, c'est surtout une potentielle opération militaire ukrainienne dans cette région qui risque d'être entravée, alors que se prépare une offensive d'ampleur pour repousser les Russes.
Ces derniers jours, les forces ukrainiennes ont mené des assauts dans plusieurs zones du front, disant même avoir gagné du terrain près de Bakhmout (est).
La Russie dit pour sa part repousser des attaques d'envergure.
