02.02.10 - TPIR/KAREMERA - UN PRISONNIER DU TPIR POURSUIT SES ATTAQUES CONTRE LE PROCUREUR

Arusha, 02 février 2010 (FH) - Un ex-maire condamné à 45 ans de prison par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Juvénal Kajelijeli, a poursuivi mardi ses attaques contre le procureur, l'accusant de manipuler les témoins et de fabriquer des éléments de preuve.

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L'ancien responsable administratif s'en prend à l'accusation depuis le début de son témoignage, lundi, pour la défense d'un dirigeant de l'ex-parti présidentiel, Joseph Nzirorera.

« Vous avez manipulé les témoins. Vous avez intoxiqué les juges. J'en ai des preuves maintenant. Le moment venu, vous en répondrez », a fulminé Kajelijeli, qui s'adressait à Don Webster de l'équipe de l'accusation.

L'ex-maire de Mukingo (nord) a déjà obtenu de la chambre d'appel, la désignation d'un avocat payé par le TPIR, pour l'aider à préparer un éventuel procès en révision.

« Ca prendra du temps mais la vérité finira par se manifester », a affirmé le témoin qui passait du kinyarwanda au français lorsqu'il était emporté par ses invectives.

« Vous voulez vous servir de l'affaire Nzirorera pour refaire votre propre procès ?», lui a demandé Webster.

« Je ne cherche pas à refaire mon procès ici. Cela se fera devant la chambre d'appel. Je suis tout simplement venu défendre Nzirorera des accusations mensongères que vous avez portées contre lui », a répondu l'ex-maire qui purge actuellement sa peine dans une prison béninoise

Selon le procureur, Nzirorera, qui était en 1994, secrétaire général du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), et Kajelijeli, sont les principaux responsables du génocide dans la commune de Mukingo dont ils sont originaires.

Réputé radical, l'ex-maire a même récusé le terme de génocide en guise de réponse à une question posée trois fois par Webster. « Des personnes sont mortes (en commune Mukingo), des Tutsis sont morts, des Hutus sont morts, je ne suis pas d'accord avec vous sur la qualification » de ces crimes, a déclaré Kajelijeli.

Le TPIR a pourtant déjà tranché que le génocide contre les Tutsis en 1994 est « un fait de notoriété publique » qui n'a plus besoin d'être prouvé.

M.Webster visait dans son contre-interrogatoire à discréditer le témoin aux yeux des juges pour que ces derniers n'accordent pas de poids à sa déposition pour la défense de son ami de longue date.

Nzirorera, un ingénieur civil de formation, est jugé avec deux juristes de renom au Rwanda, l'ex-président du MRND, Mathieu Ngirumpatse, et l'ancien vice-président du parti, Edouard Karemera.

Inculpées de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, les trois anciennes personnalités clament leur innocence.

ER/GF

© Agence Hirondelle