19.02.10 - TPIR/SYNTHESE HEBDOMADAIRE - FIN DU SECOND TEMOIGNAGE DE BOOH BOOH AU TPIR

Arusha, 19 février 2010 (FH) - La semaine qui s'achève a été marquée, au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), par le second témoignage de Jacques-Roger Booh Booh, ancien représentant spécial des Nations Unies à Kigali.

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Le diplomate camerounais, qui avait déjà été entendu au TPIR en novembre 2005 dans le procès du colonel Théoneste Bagosora, condamné à la perpétuité en première instance, est revenu cette semaine à la demande de Joseph Nzirorera, un dirigeant de l'ex-parti présidentiel, le MRND.

En désaccord avec la défense de Nzirorera sur plusieurs points, l'ancien chef de la Mission des Nations Unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR) a déclaré que le gouvernement intérimaire mis en place au lendemain de l'assassinat du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, était illégal. Raison pour laquelle, a-t-il dit, il avait pris ses distances avec cette équipe.

Comme lors de son précédent témoignage, Booh Booh a profité de cette tribune internationale pour vider son carquois contre son ancien collaborateur canadien, le général Roméo Dallaire qui commandait les quelque 2.500 Casques bleus alors déployés dans ce petit pays.

Selon lui, Dallaire s'est montré défaillant et n'a jamais expliqué comment des personnalités rwandaises protégées par des éléments de la MINUAR avaient pu être assassinées sans que, par la suite, des enquêtes soient menées pour établir les faits et les responsabilités.

Il a souligné que ces rapports de travail avec l'officier canadien n'avaient jamais été bons, insinuant que Dallaire ne reconnaissait pas son autorité.

Par ailleurs, le procès de l'ex-ministre du Plan, Augustin Ngirabatware, avance toujours lentement : un seul témoin de l'accusation a été entendu cette semaine. La déposition s'est déroulée essentiellement à huis clos.

Selon une requête consultée mercredi sur le site internet du tribunal, les avocats de l'ex-ministre souhaitent que le Saint- Siège leur facilite un entretien avec Mgr Giuseppe Bertello, qui représentait le Pape au Rwanda en 1994. Ces défenseurs, qui indiquent s'être heurtés à une certaine réticence de la part de l'ancien nonce apostolique, affirment qu'il pourrait cependant appuyer l'alibi de leur client pour la période du 7 au 12 avril 1994.

Le procureur soutient que durant cette période, l'accusé se trouvait dans sa commune natale Nyamyumba (nord), occupé à inciter aux massacres de Tutsis alors que la défense affirme, de son côté, qu'il était à Kigali et y a même rencontré le prélat. La chambre doit encore rendre sa décision.

Le procès Ngirabatware, ainsi que celui de Nzirorera et ses deux co-accusés, se poursuivront lundi prochain.

La semaine prochaine, l'événement le plus important sera le prononcé du jugement, jeudi ou vendredi, dans le procès du lieutenant-colonel Ephrem Setako, ancien directeur des Affaires juridiques au ministère de la Défense.

ER/GF

 © Agence Hirondelle